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Madrid (AFP). Espagne: face aux expulsions de logement, la résistance des indignés

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Madrid (AFP). Espagne: face aux expulsions de logement, la résistance des indignés
Face à face entre des policiers espagnols et deux activistes du groupe anti-expulsion PAH, Manolo Beltran et Angeles Gracia Gonzalez, qui tentent d'empêcher le délogement de Jessica Bernice Michelena et sa famille, le 3 février 2015 à Madrid - AFP
Seul le tic-tac lancinant de l'horloge trouble la nuit. Il est 06h00 et ils sont trois dans un petit salon de Madrid à attendre une intervention policière à laquelle ils s'opposeront. Une expulsion de logement comme il s'en produit chaque jour en Espagne. "Faudrait commencer à les réveiller, qu'ils ne se trouvent pas nez à nez avec la police", dit Hugo Atman, un réalisateur de documentaires engagé, aux deux autres, Merche et Rodrigo, des militants anti-expulsion qui veulent rester anonymes. Ils vont réveiller Jessica, Equatorienne aux longs cheveux noirs, mère d'un garçon de sept ans et d'une fillette de cinq. Arrivée en 1997 à 20 ans, elle vient de retrouver un emploi à temps partiel après presque trois ans de chômage. Mais ne gagne pas assez pour payer un loyer. Or, en Espagne, la loi ne prévoit pas de trêve hivernale des expulsions. La police déloge par la force s'il le faut. Selon des données officielles, en 2014, chaque jour 95 logements ont été saisis à des personnes n'arrivant plus à honorer leurs dettes. C'est sans compter les expulsions liées aux loyers impayés, ou visant les occupants des logements vides. Depuis 2011, des centaines d'"indignés" comme Rodrigo et Merche se mobilisent donc autour de ces personnes. "Si nous ne nous unissons pas pour changer la situation, cela ne se fera pas tout seul", explique Angeles Gracia, mobilisée pour Jessica. Le mouvement s'est organisé par quartiers, à Madrid et ailleurs. Il a bloqué de très nombreuses expulsions et amené le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy à décréter en 2013 une suspension des expulsions dans certains cas de figure restrictifs - présence d'un handicapé, d'un enfant de moins de trois ans Mais il dérange. Une nouvelle loi sur le point d'être approuvée entraînera des amendes pouvant atteindre 30.000 euros pour ces militants lorsqu'ils feront obstacle à l'expulsion. Amnesty International l'a dénoncée, estimant qu'elle porte atteinte au droit de manifestation. "Je ne peux pas supporter le traumatisme que (ces expulsions) supposent pour des enfants", explique une autre militante, Isabel Novelle, 48 ans, rencontrée dans un centre associatif. Elle dénonce "l'absence de mesures sociales, d'alternatives". "On va me coller une amende de 30.000 euros pour porter secours à une personne traversant un des moments les plus durs de sa vie?", demande-t-elle. Cette loi était "nécessaire car les délits ont évolué", se défend le sénateur Luis Aznar, du Parti populaire (PP, droite), un de ses rapporteurs. "Et pour la première fois le montant de l'amende sera fixé en fonction de la situation financière de l'auteur de l'infraction", assure-t-il. "Il fallait protéger davantage la police () mais cette loi ne jouit pas d'un consensus social, ni politique", estime de son côté Javier Estévez, porte-parole du SUP, le syndicat majoritaire au sein de la police. "Souvent, nous ne sommes pas d'accord" avec ces expulsions. "On voit des policiers avec les larmes aux yeux. Mais on ne peut pas s'y refuser". - 'Voisin, réveille-toi !' - Chez Jessica, la police s'est effectivement manifestée, après deux nuits d'attente. Des militants attendaient chez elle. D'autres sont arrivés le matin vers 8h30, dont Manolo Beltran, un grand blond baraqué de 45 ans, et Angeles Gracia, pour faire barrage devant l'immeuble. "Voisin, réveille-toi, on expulse dans ta rue!": leur cri de ralliement est toujours le même, pour mobiliser les habitants. A 9h00, une jeune avocate bénévole, Libertad Gutierrez, 24 ans, arrive. Elle promet de tenter un dernier recours pour l'Equatorienne. Deux droits sont en concurrence, explique-t-elle: celui du "propriétaire du logement" et celui "d'avoir un toit au-dessus de la tête". "Mais le sujet est devenu collectif () les gens ont décidé de s'engager pour leurs voisins", résume la juriste en évoquant la tradition de mobilisation des associations de quartier remontant au franquisme. Sous Franco, "c'était pour la démocratie", ensuite, cela a continué, "pour le logement, contre les bidonvilles", confirme le sociologue Vicente Perez Quintana. A cette tradition s'est greffé "un mouvement de jeunes au chômage", allié "à la lutte syndicale", poursuit-il.

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