Les Etats-Unis ont accusé mardi la Russie d'imposer le "règne de la terreur" en Crimée et dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine, malgré l'annonce du président Petro Porochenko d'un retrait de la majeure partie des armes lourdes par les deux camps le long de la ligne de front.
"Même si l'Ukraine bâtit une nation pacifique, démocratique et indépendante sur 93% de son territoire, la Crimée (péninsule ukrainienne annexée par la Russie il y a un an, ndlr) et l'est de l'Ukraine sont sous le règne de la terreur", a fustigé la secrétaire d'Etat américaine adjointe pour l'Europe, Victoria Nuland, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.
Elle a notamment dénoncé dans l'Est un "conflit fabriqué, contrôlé par le Kremlin, alimenté par des chars et des armes lourdes russes, financé par les contribuables russes".
Cela "a coûté la vie à plus de 6.000 Ukrainiens, mais aussi à des centaines de jeunes Russes envoyés là-bas par le Kremlin pour se battre et mourir, dans une guerre que leur gouvernement nie", a renchéri Mme Nuland, qui avait déjà affirmé la semaine dernière que "des milliers et des milliers" de soldats russes avaient été déployés en Ukraine en appui aux rebelles prorusses.
Malgré les accusations de Kiev et des Occidentaux, selon lesquelles Moscou arme les séparatistes et envoie des troupes en Ukraine, thèse confirmée par de nombreux témoignages de soldats russes, la Russie dément toute implication dans le conflit.
Les déclarations virulentes de Mme Nuland suivent un discours musclé du ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, qui a accusé plus tôt dans la journée le président russe Vladimir Poutine de "saper" les règles qui ont permis d'établir la paix en Europe. La Russie a "le potentiel de créer la plus grande menace à notre sécurité", a-t-il ajouté.
Sur le terrain, la situation restait cependant relativement calme, avec des incidents sporadiques.
Le président ukrainien a de plus fait état d'avancées majeures dans la mise en place des accords de paix de Minsk 2, signés le 12 février, confirmant le retrait d'une grande partie des armes lourdes le long de la ligne de front.
"La partie ukrainienne a retiré la majeure partie de ses lance-roquettes multiples et de son artillerie lourde", a-t-il déclaré dans un entretien avec la télévision publique ukrainienne diffusé dans la nuit de lundi à mardi.
"Nous constatons que les rebelles soutenus par la Russie ont également retiré une partie considérable" de leurs armes lourdes, a-t-il poursuivi.
- 3.000 soldats américains dans les Etats baltes -
Les déclarations des Etats-Unis et de Londres contre la Russie interviennent sur fond de préparatifs de l'Alliance atlantique en vue d'importantes manoeuvres en Lettonie, Lituanie et Estonie.
Le Pentagone a ainsi annoncé lundi que les Etats-Unis avaient commencé à déployer 3.000 soldats et des équipements pour trois mois dans ces trois pays baltes.
Ce déploiement s'inscrit dans le cadre de l'opération "Atlantic Resolve" déclenchée par les Etats-Unis au sein de l'Otan pour rassurer les pays membres et alliés de l'Alliance craignant une agression russe.
Malgré les signes de stabilisation dans l'Est, la tension demeure assez vive dans plusieurs points chauds de la zone de conflit où 64 soldats ukrainiens ont été tués selon Kiev depuis le cessez-le-feu instauré le 15 février.
"Le long des 485 kilomètres de la ligne de front, il n'y a plus de tirs d'artillerie, sauf au niveau de quelques localités. En revanche, des armes à feu et des lance-grenades sont utilisés" plus fréquemment, a estimé le chef de l'Etat.
Mardi, le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a affirmé que neuf soldats avaient été blessés au cours des dernières 24 heures.
Dans le village de Chirokiné, à une dizaine de kilomètres du port de Marioupol, dernière grande ville de l'Est rebelle encore contrôlée par Kiev, des combats ayant fait intervenir des chars ont eu lieu lundi, selon l'armée ukrainienne.
La prise de Marioupol, que les séparatistes ont à maintes reprises désignée comme étant leur prochaine cible, serait une étape clé dans la création d'un pont terrestre entre la Russie et la péninsule ukrainienne de Crimée.
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