Le gouvernement malien a assuré lundi que le pays ne céderait pas à la peur après l'attentat de Bamako, le premier à frapper des Occidentaux dans la capitale, et pressé les rebelles de signer la paix pour se dissocier des violences qui ensanglantent le pays.
Les enquêteurs maliens et étrangers, dont une magistrate de la section antiterroriste du parquet de Paris, accompagnée de dix policiers français, joignaient leurs forces pour retrouver les auteurs de l'attentat qui a coûté la vie samedi à trois Maliens, un Français et un Belge.
"Nous sommes debout", a déclaré le président Ibrahim Boubacar Keïta dimanche soir, dans une première réaction publique après l'attentat perpétré au c?ur de la capitale dans un restaurant et aux alentours, qui a aussi fait huit blessés, dont deux Suisses.
Les auteurs "ont échoué et ils échoueront" à créer la peur, a-t-il dit, promettant que "ceux qui ont osé revendiquer cet attentat le paieront très cher".
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Choguel Maïga a renchéri lundi, assurant que le peuple malien ne se laisserait "ni impressionner ni intimider par les actes terroristes".
Il a également mis en demeure la rébellion à dominante touareg de parapher l'accord déjà entériné le 1er mars à Alger par le camp gouvernemental afin de pouvoir "faire la différence entre la mauvaise graine et la bonne".
"Chaque fois que les négociations rentrent dans une phase cruciale, en général, les ennemis de la paix, quels que soient les coins où ils sont tapis, sortent pour travailler à saboter l?accord", a-t-il dit, après l'attentat de Bamako et les tirs contre l'ONU à Kidal dimanche qui ont tué un soldat tchadien et deux enfants.
"Tant qu'une partie de nos frères n'adhéreront pas à l?accord, tout ce qui se passera pourra être interprété. Certains diront que ce sont eux", a insisté le ministre.
L'attentat de Bamako a été revendiqué par Al-Mourabitoune, le groupe jihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, mais aucun groupe n'a assumé la responsabilité de l'attaque à Kidal, bastion de la rébellion dans le nord-est du pays.
- Renforcer la sécurité des étrangers -
Ces tirs visant la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) ont suscité les condamnations du Conseil de sécurité et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a dénoncé une "tentative flagrante d'entraver les progrès réalisés dans un moment crucial du processus de paix".
Dans la capitale, où le corps du Français tué, Fabien Guyomard, 30 ans devait être rapatrié lundi soir, la tension restait palpable, surtout parmi la communauté expatriée.
Le lycée français de Bamako, après concertation avec les parents d'élèves, a ainsi reporté de deux jours la rentrée scolaire, prévue lundi après des vacances, pour renforcer sa sécurité.
"C'est un peu comme chez nous avec Charlie Hebdo", a déclaré à l'AFP un retraité français en vacances, prénommé Pierre, en référence aux attentats meurtriers perpétrés par deux jihadistes le 7 janvier à Paris contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique, deux mois jour pour jour avant celui de Bamako.
"On ne doit pas céder à la panique, sinon ils auront gagné", dit-il en déjeunant avec sa femme dans un restaurant fréquenté par les étrangers, tout en jugeant "normal" que "l'ambassade de France renforce la sécurité en fermant pour quelques jours une école et d'autres dispositifs".
Un Malien, Madou Bomou, approuve l'appel au calme des autorités mais juge qu'"il faut plus de sécurité, au moins aux endroits fréquentés par les Blancs".
Le goupe Al-Mourabitoune a dit vouloir venger un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l'armée française en décembre, mais surtout son prophète Mohammed "de l'Occident mécréant qui l'a insulté et moqué", en allusion aux caricatures publiées par Charlie Hebdo.
Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont les forces de Belmokhtar.
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