L'enquête sur les attentats de Paris continue de se concentrer sur l'entourage des tueurs, et plus particulièrement d'Amédy Coulibaly, dont quatre autres connaissances viennent d'être placées en garde à vue.
Il s'agit de membres de l'entourage de l'homme qui a tué une policière municipale à Montrouge le 8 janvier, puis quatre juifs lors de sa prise d'otages le lendemain au supermarché casher de la porte de Vincennes, a appris lundi l'AFP de source judiciaire.
Selon Europe 1, parmi les personnes en garde à vue figurent une gendarme et son compagnon, actuellement écroué dans un autre dossier de droit commun. L'homme, un délinquant, est un proche du tueur de l'Hyper Cacher. Sa compagne militaire, convertie à l'islam, avait été suspendue de ses fonctions début février. En poste au fort de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), elle est soupçonnée d'avoir porté assistance à son compagnon.
Selon les éléments d'analyse de téléphonie, cet homme s'est trouvé à proximité immédiate d'Amédy Coulibaly peu avant les attentats. Le Canard enchaîné avait révélé qu'il avait également pu entrer dans la caserne de Rosny grâce à sa compagne.
Me Patrick Klugman, avocat de familles de victimes de l'Hyper Cacher, s'est félicité de ce rebondissement. "C'est une enquête qui a très bien fonctionné depuis l'origine", a-t-il déclaré à l'AFP, relevant les "progrès importants réalisés depuis la minute où les Kouachi ont fait le premier attentat", le 7 janvier contre Charlie Hebdo. "On n'est pas sur une enquête qui a connu des loupés spectaculaires, bien au contraire", a insisté Me Klugman.
- 'Maillons d'un système' -
La piste des soutiens logistiques dont a pu bénéficier Coulibaly a déjà permis aux enquêteurs d'arrêter fin janvier quatre de ses proches, les seules personnes mises en examen jusqu'ici dans l'enquête sur les attentats, qui ont fait 17 morts en plus des trois tueurs.
Placés en détention provisoire, Tonino Gonthier, Willy Prévost, Christophe Raumel et Michaël Alwatik sont soupçonnés de lui avoir fourni des armes ou des véhicules, ou de l'avoir aidé à en acquérir, sans forcément connaître ses intentions criminelles.
Les investigations portent aussi sur des proches des tueurs qui se sont rendus en Syrie, comme la compagne d'Amédy Coulibaly, Hayat Boumeddiene.
Des connaissances des frères Kouachi, Fritz-Joly Joachin et Cheikhou Diakhabi, interceptés en Bulgarie et en Turquie sur la route vers la Syrie, ont également été remis aux autorités françaises. Les deux hommes ont été mis en examen, mais dans des dossiers distincts de l'enquête sur les attentats eux-mêmes.
Me Klugman a insisté sur le "niveau de préparation et d'interaction entre les protagonistes" des attentats. "Il n'est pas question là de loups solitaires. Les Kouachi et Coulibaly sont les maillons d'un système, un système qu'il faut désormais démonter. Avec des investigations en France mais aussi à l'international", a estimé l'avocat.
Chérif Kouachi a dit agir au nom d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, quand Amédy Coulibaly a exprimé son allégeance au groupe jihadiste État islamique, actif en Irak et en Syrie. Les trois tueurs avaient basculé dans l'islamisme le plus radical.
Les enquêteurs pensent avoir mis au jour des contacts entre Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi dans les heures ayant précédé l'attaque contre Charlie Hebdo. Les recherches téléphoniques semblent ainsi établir que le premier a rendu visite au second dans la nuit du 6 au 7 janvier à Gennevilliers, ville des Hauts-de-Seine où vivait Kouachi.
Le lendemain matin, un peu plus d'une heure avant que Chérif et Saïd Kouachi ne tuent 12 personnes lors de l'attaque à l'arme de guerre contre le siège de l'hebdomadaire satirique, un SMS a été envoyé depuis un portable dans la zone du domicile de Gennevilliers vers une des treize lignes de Coulibaly, selon une source proche du dossier.
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