Cinq des plus hauts dignitaires religieux représentant les trois monothéismes lancent dans Le Monde publié lundi un "appel pressant" à ce que la prochaine loi sur la fin de vie ne puisse pas conduire à "décider de donner la mort".
Cette tribune est cosignée par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, Mgr Emmanuel, président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France, le grand rabbin de France Haïm Korsia et Mohammed Moussaoui, président d'honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Cet appel dans la ligne du groupe de travail mis en place par l'Eglise catholique sur cette question, plutôt attendu en ce qui concerne le cardinal Barbarin, moins de la part du pasteur Clavairoly, survient à la veille du début de l'examen en séance à l'Assemblée de la proposition de loi Claeys-Leonetti. Ce texte PS-UMP vise à instaurer un droit à une "sédation profonde et continue" jusqu'à la mort.
Dans un contexte qui "manque de lisibilité", "nous lançons un appel commun, inquiet et pressant, pour qu'une éventuelle nouvelle loi ne renonce en aucune façon à ce principe fondateur: toute vie humaine doit être respectée, spécialement au moment où elle est le plus fragilisée".
Les cinq responsables chrétiens, juif et musulman espèrent "que cette loi civile soit civilisatrice, c'est-à-dire qu'elle aide à vivre et à mourir sans jamais écourter la vie, sans jamais décider de donner la mort".
"Nous voulons qu'elle s'entoure d'un large consensus autour de principes clairs, sûrs que la moindre équivoque en ce domaine générera, à terme, la mort d'innombrables personnes sans défense", poursuivent-ils.
Les signataires craignent "une nouvelle tentation: celle de donner la mort, sans l'avouer, en abusant de la +sédation+".
"S'il peut être utile ou nécessaire d'endormir un patient, à titre exceptionnel, l'usage de cette technique est dénaturé dès qu'il s'agit non plus de soulager le patient, mais de provoquer sa mort. Ce serait un acte d'euthanasie", écrivent-ils.
Les chefs religieux demandent "que soit encouragé l'accompagnement des personnes en fin de vie, tout en garantissant qu'elles soient clairement protégées par l'interdit de tuer".
"Au nom de quoi envisagerait-on de légaliser un geste de mort? () L'homme se croit-il en mesure de décerner ? pour lui-même ou pour autrui ? des brevets d'humanité?" s'interroge le texte.
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