La Grèce revient plaider sa cause lundi devant la zone euro, en présentant son plan de réformes pour obtenir l'argent dont elle a cruellement besoin, lors d'une réunion à Bruxelles qui s'annonce une nouvelle fois tendue.
Si les ministres des Finances rejettent les principales réformes proposées par Athènes pour débloquer la prochaine tranche d'aide financière , "il pourrait y avoir des problèmes", a averti dimanche le ministre grec, Yanis Varoufakis.
Connu pour son ton peu diplomatique, il a même agité la menace de nouvelles élections, ou la tenue d'un référendum. "Comme me l'a dit notre Premier ministre, nous ne sommes pas encore collés à nos sièges", a-t-il lancé.
La Grèce avait déjà menacé d'un référendum sur le plan de sauvetage en novembre 2011, provoquant un mouvement de panique sur les marchés financiers et la colère de ses partenaires européens, ce qui avait entraîné la chute du Premier ministre socialiste Georges Papandreou.
La sortie de M. Varoufakis risque une nouvelle fois de mal passer à Bruxelles, où son style iconoclaste irrite ses partenaires. Plusieurs responsables grecs s'employaient à faire retomber la pression lundi.
"Nous allons trouver une solution. Échafauder des scénarios pour le cas contraire n'a pas de sens", a jugé Dimitris Mardas, vice-ministre chargé du Budget, à propos de la menace de référendum.
"Nous nous rendons à l'Eurogroupe pour conclure un accord sur la base du mandat que nous ont confié les électeurs, qui est de ne pas reculer. Nous faisons des propositions sur ce qui est constitutif de la crise grecque: clientélisme, corruption, fraude fiscale, évasion fiscale, tous ces sujets qui font l'unanimité", a renchéri Dimitris Vitsas, un cadre du parti de gauche radicale Syriza.
- Aucun déboursement attendu -
Le gouvernement a détaillé les réformes qu'il entend mettre en ?uvre en priorité, et a fait parvenir sa liste au chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
Elles vont de la réactivation d'un conseil fiscal "indépendant" pour assister le gouvernement à des mesures sociales pour les plus vulnérables, en passant par l'embauche de contrôleurs fiscaux. Figure également le projet de mettre en vente des licences pour les sociétés de jeux en ligne, avec un gain espéré de 500 millions d'euros par an.
Cette liste "doit être discutée plus avant et détaillée avec la troïka" des créanciers (UE, BCE et FMI), indique-t-on dans l'entourage de M. Dijsselbloem.
La "précondition" au déblocage de fonds pour la Grèce "est une conclusion des discussions avec la troïka et un avis positif de ces institutions", a renchéri le secrétaire d'Etat allemand aux Finances, Steffen Kampeter.
Ce n'est plus le moment "de présenter je ne sais quels documents, mais il faut se mettre vraiment au travail", "les semaines passées auraient pu être mises à profit de meilleure manière", a-t-il déclaré à la radio publique Deutschlandfunk.
Dans l'immédiat, aucun déboursement n'est attendu. "La présentation des mesures par M. Varoufakis n'a aucun lien avec un quelconque versement", confirme un responsable européen, tablant sur un versement de quelque 7 milliards d'euros fin avril.
Problème: la Grèce fait face à de très lourdes échéances financières en mars, à hauteur de six milliards d'euros, notamment à l'égard du FMI. La presse fait en outre état d'un retard de deux milliards d'euros dans les recettes de l'Etat.
Une situation qui inquiète. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a appelé "tout le monde" à comprendre la gravité de la situation sociale en Grèce, dans un entretien dimanche dans la presse allemande.
"Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m'inquiète, c'est que tout le monde n'a pas encore compris, au sein de l'Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce", a-t-il affirmé.
Il a promis de rencontrer "dans les deux prochaines semaines" le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, comme celui-ci l'a demandé.
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