L'armée américaine a indiqué dimanche ne pas prévoir d'accélérer les frappes aériennes de la coalition internationale contre les jihadistes, au moment où l'armée irakienne fait face à une forte résistance du groupe Etat islamique (EI) dans le nord du pays.
"Larguer un tapis de bombes sur l'Irak n'est pas la solution", a déclaré le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain, lors d'une visite sur le porte-avions français Charles de Gaulle, qui croise dans le Golfe dans le cadre des opérations de la coalition.
Le chef d'état-major interarmées américain, qui effectue une tournée dans la région au cours de laquelle il doit se rendre à Bagdad, a plaidé pour une "patience stratégique" dans la lutte que livre la coalition menée par les Etats-Unis au groupe EI en Irak et en Syrie.
"Nous avons la responsabilité d'être très précis dans l'usage de notre puissance aérienne", a expliqué le général Dempsey, assurant qu'augmenter le rythme des raids accentuerait les risques pour les populations civiles, ce qui pourrait alimenter en retour la propagande jihadiste.
"Cela signifie qu'il faut prendre le temps" de rassembler des renseignements précis sur les cibles possibles, a-t-il ajouté.
Son homologue français, le général Pierre de Villiers, a souligné le "paradoxe" dans lequel est pris la coalition: avoir "des résultats rapides" comme le demandent "nos sociétés occidentales", mais "aussi, agir dans la durée" car il faut "reconstruire () les forces de sécurité irakiennes" qui seules peuvent "reconquérir sur le terrain le territoire perdu".
L'officier américain a de son côté indiqué que la fréquence des bombardements aériens dépendait des capacités de l'armée irakienne sur le terrain et de la volonté du gouvernement de Bagdad de se réconcilier avec la population arabe sunnite, méfiante envers les forces de sécurité.
L'EI a en effet profité du sentiment de marginalisation de cette population sous les gouvernements irakiens majoritairement chiites de ces dernières années pour s'emparer en juin de vastes territoires au nord et à l'ouest de l'Irak, majoritairement arabes sunnites.
En lançant il y a peu la bataille pour reprendre Tikrit à l'EI, le Premier ministre irakien a d'ailleurs appelé les forces pro-gouvernementales à faire de la sécurité des civils leur "priorité".
- 'Soutien aérien' -
Le gouvernement irakien a lancé il y a une semaine une offensive massive contre l'EI afin de reconquérir Tikrit, située entre la capitale Bagdad et Mossoul, la plus grosse ville contrôlée par les jihadistes.
Les forces gouvernementales, appuyées par les forces kurdes, des milices chiites et des tribus sunnites, n'ont évoqué aucun bilan mais ont fait état d'une résistance de l'EI en dépit des raids de la coalition.
Bagdad a réclamé davantage de "soutien aérien", dimanche, notamment pour protéger le patrimoine archéologique irakien.
"Nous demandons un soutien aérien", a déclaré dimanche le ministre du Tourisme et des Antiquités, l'EI ayant vandalisé ces dernières semaines d'inestimables sculptures au musée de Mossoul, avant de s'attaquer à la cité pluri-millénaire de Nimroud puis, selon l'ONU, à celle de Hatra, fondée il y a plus de 2.000 ans.
Les destructions de patrimoine ont lieu dans les zones contrôlées par l'EI dans la province de Ninive (nord), où le gouvernement irakien est incapable d'intervenir, faute de troupes suffisantes.
Le général Dempsey a également souligné qu'il n'était pas nécessaire d'augmenter le nombre de militaires américains présents en Irak dans le cadre de la lutte antijihadiste. Ces 2.600 hommes sont chargés de conseiller et entraîner l'armée de Bagdad.
"Nous avons des conseillers qui attendent (encore) que certaines unités irakiennes se présentent", a dit le responsable militaire américain. "Et quand elles se sont présentées, une poignée d'entre elles étaient affaiblies et parfois sous-équipées".
Le Charles de Gaulle effectue depuis fin février une mission de huit semaines dans le Golfe dans le cadre de l'opération dirigée par Washington.
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