Manuel Valls, qui assure qu'il restera à Matignon quelle que soit l'issue des élections départementales fin mars, a fait part dimanche de "sa peur" face aux gros scores promis par les sondages au FN, un parti en mesure de gagner, selon lui, la présidentielle dès 2017.
Le Premier ministre a dit assumer le fait de recourir à la "stigmatisation" du parti de Marine Le Pen, crédité de près de 30% des intentions de vote pour le scrutin des 22 et 29 mars, et qui mènerait selon lui la France à la "ruine".
"Je n'ai pas peur pour moi, a déclaré M. Valls, dimanche lors d'une interview sur I-Télé/Europe 1/Le Monde. "J'ai peur pour mon pays, j'ai peur qu'il se fracasse contre le Front national", a-t-il dit, en lançant un appel à la mobilisation électorale.
"Mon angoisse, puis-je vous parler de mon angoisse, de ma peur pour le pays? C'est le FN à 30%, pas au deuxième tour, mais au premier tour des élections départementales", a-t-il expliqué.
Celui qui avait déjà décrit en septembre un FN "aux portes du pouvoir", a rappelé que la formation d'extrême droite "était déjà le premier parti de France aux élections européennes. Il peut l'être de nouveau à l'occasion des élections départementales", a-t-il prédit.
Selon plusieurs sondages publiés ces dernières semaines, le FN est au coude à coude avec l'UMP-UDI, plusieurs points devant le PS.
"Je revendique la stigmatisation de Marine Le Pen, le FN n'apporte aucune solution, ni pour les départements, ni pour le pays () et en plus c'est un programme qui jettera les Français les uns contre les autres", a martelé M. Valls.
"Est-ce que vous ne pensez pas qu'un Front national qui fait 25% aux élections européennes, peut-être 30% aux départementales, et ainsi de suite, ne peut pas gagner l'élection présidentielle? Pas en 2022, pas en 2029, mais en 2017", a-t-il mis en garde.
Manuel Valls, qui avait dénoncé jeudi soir lors d'un meeting en Haute-Vienne un "endormissement généralisé" face à la montée du FN, notamment parmi les intellectuels, s'en est pris directement au philosophe Michel Onfray.
"Quand (M. Onfray) explique qu'au fond il vaut mieux Alain de Benoist", "philosophe de la nouvelle Droite qui d'une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national", plutôt que le philosophe Bernard-Henri Lévy, "ça veut dire qu'on perd les repères", a dénoncé M. Valls.
Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a jugé sur Radio J "extravagantes" ces déclarations et accusé le chef du gouvernement de "surjouer" le danger FN.
L'ex-ministre UMP Rachida Dati s'est dite elle aussi "très choquée" par ces propos qui risquent de "faire monter" la formation d'extrême droite.
Le président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, est allé sur Europe 1 jusqu'à dénoncer une "phraséologie () assez fasciste" de la part de M. Valls, jugeant qu'il y avait "un peu de délire" dans de tels propos.
M. Le Pen a appelé le chef du gouvernement au "sang-froid et à la tenue".
- 'Assez déflagrateur' -
Interrogé par ailleurs sur le fait de savoir s'il resterait en poste en cas d'échec lors des départementales, un an après sa nomination à Matignon, Manuel Valls a répondu: "Sans aucun doute".
"Je continuerai la mission que m'a confiée le président de la République, celle de réformer le pays. Mais ça n'est pas la question que se posent les Français", a-t-il dit.
Le FN est immédiatement monté au créneau pour dire que M. Valls mettait au contraire "en jeu" son poste de Premier ministre lors des départementales.
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