Les services chargés de l'enquête sur le meurtre de l'opposant Boris Nemtsov, tué par balle le 27 février près du Kremlin, ont annoncé dimanche qu'ils avaient maintenant arrêté un total de cinq suspects.
L'arrestation des deux premiers, Anzor Goubachev et Zaour Dadaïev, avait été annoncée samedi par le service fédéral de sécurité russe (FSB). Selon l'agence publique RIA Novosti, Dadaïev était le chef adjoint d'un bataillon de la police tchétchène, tandis que Goubachev travaillait pour une société privée de sécurité à Moscou.
Dimanche matin, c'est Albert Barakhoïev, secrétaire du Conseil de Sécurité de la République russe d'Ingouchie - voisine de la Tchétchénie - qui annonçait à RIA Novosti que les deux hommes avaient été arrêtés en Ingouchie, en compagnie de deux autres hommes, tous deux originaires de Tchétchénie, dont le jeune frère d'Anzor Goubachev.
Un peu plus tard, un porte-parole de la Commission d'Enquête, Vladimir Markine, a indiqué sur Twitter que la commission avait demandé à un tribunal de Moscou de confirmer "l'arrestation de cinq personnes liées à l'assassinat de Boris Nemtsov. L'enquête continue", ajoutait le message, sans préciser l'identité du cinquième suspect ni les circonstances de son arrestation.
On ignorait également si tous les cinq seraient présentés au tribunal. La loi russe prévoit qu'après 48 heures de garde à vue un suspect doit être présenté au tribunal pour une prolongation de sa détention.
Ces arrestations arrivent un peu plus d'une semaine après l'assassinat de l'opposant russe, abattu de quatre balles dans le dos le 27 février au pied du Kremlin.
- 'Climat de haine' -
Quant au motif de cet assassinat, les hypothèses sont nombreuses, les alliés de Nemtsov y voyant la main du Kremlin et des services spéciaux russes tandis que le président Vladimir Poutine parlait de "provocation" destinée à déstabiliser le pays.
Les enquêteurs disaient en début de semaine n'écarter aucune piste, envisageant tout aussi bien celle des islamistes pour le soutien de Boris Nemtsov à l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo victime d'une attaque jihadiste en janvier, que celle de nationalistes russes mécontents de sa critique du rôle de la Russie dans la crise ukrainienne.
La fille de l'opposant assassiné, Janna Nemtsova, a affirmé dans une interview accordée en Allemagne à la télévision CNN que le meurtre de son père était "politique".
"Je pense que maintenant, la russie a franchi la ligne, et que les gens auront peur d'exprimer des idées qui contredisent () le point de vue officiel", a-t-elle déclaré.
Ce meurtre d'un des principaux critiques du gouvernement avait immédiatement suscité les condamnations de nombreux pays et choqué l'opposition russe, qui l'attribue plus généralement au "climat de haine" instillé par les autorités russes dans la société et les médias officiels, où les opposants au Kremlin sont régulièrement qualifiés de "traîtres à la patrie", "agents de l'étranger" ou encore "ennemis de l'intérieur", des termes renvoyant à ceux de la période stalinienne.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.