Amiante, souris et ambiance glaciale: derrière sa splendide façade néogothique, le Palais de Westminster se trouve dans un état de délabrement tel que, sans travaux de rénovation urgents, il faudra peut-être bientôt l'abandonner.
Siège des deux Chambres du Parlement, l'édifice, dominé par Big Ben et déployé le long de la Tamise, est la vitrine de Londres dans le monde entier.
Mais à l'intérieur, les députés grelottent et doivent s'armer de corbeilles en papier pour récupérer les gouttes de pluie qui tombent de la toiture percée.
Le chauffage marche mal. Les murs sont attaqués par la pollution et bourrés d'amiante. Même Big Ben ne va pas fort: la célèbre tour de l'horloge, rebaptisée tour Elizabeth lors du jubilé de la reine en 2012, penche de 46 centimètres à la verticale.
Et puis il y a les souris. Les rongeurs sont comme chez eux à Westminster, avec une prédilection pour le "tea room". Il y en a tellement que les députés peuvent composer un numéro d'appel spécial pour les signaler.
Une députée, Anne McIntosh, a proposé d'adopter un chat d'un refuge d'animaux voisin pour faire la chasse. "Pour une raison que j'ignore, ma proposition n'a pas été retenue", dit-elle à l'AFP.
"Certains disent avoir également vu des rats, ajoute la députée. Le Palais est tellement proche de la rivière. Et puis vous savez, on dit qu'à Londres on n'est jamais éloigné de plus de six yards (5,5 mètres) d'un rat."
John Bercow, 157e président de la Chambre des Communes, a exposé l'ampleur du chantier mardi, à six semaines des élections législatives. L'addition s'annonce salée pour le contribuable britannique: au moins trois milliards de livres, soit 4,2 milliards d'euros.
Mais sans travaux, a-t-il insisté, les députés et les Lords, à l'étroit dans leurs bureaux et les deux Parlements qui ne peuvent les accueillir tous, auront déserté les lieux pour de bon dans 20 ans.
- Délocalisé en province ? -
Le choc serait terrible tellement le Palais de Westminster est le symbole du système parlementaire britannique et une vitrine du Royaume-Uni. Ne dit-on pas de la Chambre des Communes qu'elle est "la mère des Parlements" ?
Même si le Palais a presque entièrement été ravagé par un incendie en 1834, le Westminster Hall, datant du XIe siècle, est toujours intact. La reconstruction menée par les architectes Charles Barry et Augustus Pugin fut achevée en 1870.
L'immense complexe comptant plus de 1.000 salles est aujourd'hui inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
D'ici trois mois, un groupe d'experts mandaté par le Parlement doit déterminer la nature des rénovations et en estimer le coût.
Les travaux, qui ne devraient pas commencer avant 2021, pourraient prendre jusqu'à 10 ans. Les députés débattent déjà de la question visant à établir s'il faudra délocaliser les joutes parlementaires pendant les travaux. Certains proposent de les accueillir dans leur circonscription, loin de Londres. Manchester et Birmingham figurent parmi les pistes évoquées.
L'hypothèse la plus probable est de rester dans la capitale, par exemple au centre de conférence Queen Elizabeth II. L'endroit n'a rien de glamour mais a l'avantage de se trouver à un jet de pierre du Palais de Westminster.
Pour le député John Thurso, qui siège dans la commission supervisant la maintenace du Palais, on a déjà trop attendu. "A trop jouer avec le feu, il arrivera bientôt quelque chose de grave: un bout de l'édifice qui s'écroule, un incendie ou une autre catastrophe", s'émeut-il.
Reste que le contribuable risque de s'étouffer devant le montant de l'addition, alors que l'image des politiques, éclaboussés par une succession d'affaires tel le scandale des notes de frais, n'est pas fameuse.
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