Au lendemain de leur évacuation du site de la retenue d'eau de Sivens (Tarn), quelques dizaines de zadistes cherchaient désespérément samedi un nouveau lieu à occuper. Mais une première tentative dans la ville voisine de Gaillac s'est soldée par une nouvelle expulsion.
"On lâche rien" : les zadistes l'avaient annoncé après leur évacuation expresse de Sivens vendredi, occupé depuis plus de 16 mois.
Dès leur départ manu militari du site, les militants se sont donc regroupés sur la bien nommée place de la Libération de Gaillac.
Samedi matin, ils étaient une quarantaine à se réchauffer sous le soleil après une nuit à la dure, fortement arrosée à en croire le nombre de militants ivres. Une cabane faite de palettes de bois, couvertures et bâches de plastique a été érigée à la va-vite sur la place dallée.
"J'ai très bien dormi () j'étais très fatigué", lance un zadiste hirsute, canette de bière forte à la main.
"On est encore sous le choc", embraye un voisin crotté de la tête aux pieds. "J'ai tout perdu sur la ZAD", ajoute le jeune homme, berger allemand au pied.
Samedi matin, l'ancienne "Zone à défendre", aux accès défendus par des centaines de gendarmes, a l'allure d'un champ de bataille.
Les tentes effondrées trempent dans la boue. Les estafettes hors d'âge sont bloquées dans le fossé, les pare-brise brisés. Et un vélo mauve attend en vain son propriétaire devant une cabane désertée à la porte béante. "Gendarmerie interdite", annonce un panneau à l'entrée.
Dans un panache de poussière, d'imposants camions-bennes sortent chargés de matelas défoncés, planches de bois et grilles de métal, tandis que les tronçonneuses coupent les cabanes perchées dans les arbres.
Les agriculteurs pro-barrage de la FNSEA, qui assiégaient les zadistes, ont levé leur barrages. Mais, à en croire Philippe Maffre responsable de la Confédération paysanne du Tarn , "ils continuent des rondes sur les routes adjacentes et ont encore insulté, bousculé un éleveur antibarrage voisin du site, Pierre Lacoste, samedi matin".
- Une terre offerte par un maire -
Sur la place de Gaillac, les militants assurent qu'il "ne sont pas découragés" d'autant qu'ils disent bénéficier d'un "énorme élan de solidarité". "Beaucoup de gens ont hébergé des zadistes cette nuit", lance une fille, bonnet de père Noël fixé sur des cheveux décoiffés.
Sentant l'imminence d'une nouvelle évacuation, des habitants sympathisants ont formé une chaîne humaine entre les zadistes et les gendarmes.
Vers midi, les autorités sonnent cependant la fin de la récréation: "Vous ne pouvez pas rester ici", lance aux zadistes le directeur de cabinet du préfet du Tarn, Yves Mathis, avant de se faire copieusement insulter par un militant au bord de l'explosion.
"Le maire de St-Amancet vous offre une terre: partez!", intervient un officier de gendarmerie. Patrick Rossignol, le maire de St-Amancet, à une heure de Gaillac, avait apporté son soutien aux antibarrage pendant l'occupation de Sivens, se faisant beaucoup d'ennemis parmi les agriculteurs pro-barrage.
Mais peu de zadistes quittent d'eux-mêmes les lieux: "C'est la place du peuple. S'ils veulent nous traîner sur le goudron, qu'ils l'assument", lance l'ancien responsable du potager de la zad de Sivens.
Une cinquantaine de gendarmes mobiles procèdent à l'évacuation : sous les huées et les invectives, ils saisissent par les bras et les jambes ceux qui étaient assis à même le sol, puis repoussent les autres vers une rue voisine.
Avant 14h, la place est à nouveau vide.
"On se retrouvera", promet un zadiste devant un panneau "ZAD partout". Reste à savoir où?
"Saint-Amancet, pourquoi pas?", lance Eric Petetin, un vétéran des luttes zadistes. Mais la décision de se regrouper dans cette commune du maire sympathisant doit encore être entérinée lors d'une assemblée générale prévue samedi soir.
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