Deux Européens, un Français et un Belge, et trois Maliens ont été abattus dans la nuit de vendredi à samedi dans un restaurant du centre de Bamako, l'attentat le plus meurtrier dans la capitale malienne depuis le lancement de l'opération Serval en janvier 2013.
Le chef de l'Etat français François Hollande a dénoncé "avec la plus grande force le lâche attentat" commis à Bamako et va "offrir l'aide de la France" à son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, a indiqué la présidence française dans un communiqué.
Selon la police malienne, au moins un homme armé est entré peu après minuit (heure locale et GMT) dans le bar-restaurant La Terrasse, un établissement en étage apprécié des expatriés, dans une rue très animée de la capitale, et a ouvert le feu, selon la police.
"C'est une attaque terroriste, même si nous attendons des précisions. Selon un bilan provisoire, il y a quatre morts: un Français, un Belge et deux Maliens", a déclaré un policier sur place à l'AFP.
De plus, huit personnes ont été blessées, dont deux grièvement, selon cette source hospitalière.
Paris a confirmé la probabilité du décès d'un de ses ressortissants. "Il y a très vraisemblablement un Français, en cours d'identification, parmi les cinq victimes ayant trouvé la mort. Il n'y aurait pas de Français, en revanche, parmi les blessés, mais des vérifications sont en cours", a indiqué la présidence.
Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a condamné "cette terreur lâche, ignoble qui a frappé à Bamako", et Bruxelles a confirmé peu après la mort d'un citoyen belge.
La Haute représentante pour les Affaires étrangères de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini a indiqué sur twitter que l'une des victimes travaillait pour l'UE au Mali, son entourage précisant qu'il ne s'agissait pas d'un Français.
Deux suspects, dont ni l'identité ni la nationalité n'ont été précisées ont été arrêtés samedi, selon des policières maliennes.
Ils "sont en train d'être interrogés", a affirmé une de ces sources, ajoutant qu'ils avaient commencé à fournir aux enquêteurs des informations "intéressantes".
- Parapher un accord de paix -
Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont Aqmi. Ils ont été en grande partie chassés par l'opération Serval, lancée à l'initiative de la France en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération Barkhane, dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.
Des zones entières du nord du Mali échappent encore au contrôle du pouvoir central, mais les attaques jihadistes, qui s'étaient multipliées depuis l'été, notamment contre les troupes de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) qui compte quelque 10.000 militaires et policiers, ont récemment diminué d'intensité.
L'attentat se produit au moment où la rébellion à dominante touareg est sous forte pression internationale, y compris du secrétaire général de l'ONU Ban ki-moon, pour parapher d'ici la fin du mois un accord pour la paix, comme l'a déjà fait le gouvernement malien le 1er mars à Alger.
Les forces françaises ont constaté ces derniers temps "une certaine retenue chez les GAT (groupes armés terroristes, NDLR), ils ne cherchent pas systématiquement à reprendre pied comme nous avions pu l'observer précédemment", a déclaré jeudi le porte-parole de l'état-major des armées, le colonel Gilles Jaron.
L'ambassade de France "a constitué une cellule de crise, averti les Français dès cette nuit et renforcé la sécurité de nos implantations en liaison avec les autorités maliennes", a indiqué la présidence française.
Selon un correspondant de l'AFP sur place, des pompiers ont sorti sur une civière le corps d'un Français à La Terrasse, située dans le quartier très fréquenté de l'Hippodrome, qui abrite de nombreux bars, restaurants et discothèques.
Dans une rue voisine, le corps d'un policier malien et celui du gardien d'un domicile privé gisaient au sol, alors qu'un peu plus loin le corps d'un ressortissant belge était également visible.
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