Les chefs de la diplomatie russe et allemande ont appelé vendredi à porter la présence de l'OSCE dans l'est de l'Ukraine à 1.000 observateurs, alors que les Européens se sont montrés réticents à toucher aux sanctions imposés à la Russie.
Lors d'un entretien téléphonique, Sergueï Lavrov et Franck-Walter Steinmeier "se sont prononcés pour la prolongation de la mission de surveillance de l'OSCE et son renforcement à 1.000 observateurs" contre 452 actuellement, afin d'assurer un "contrôle efficace" du cessez-le-feu entre les forces de Kiev et les rebelles prorusses, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères.
Quelques heures plus tôt, le secrétaire général de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, Lamberto Zannier, a déploré que l'OSCE soit toujours empêchée de surveiller pleinement la trêve dans l'est de l'Ukraine.
Le cessez-le-feu entré en vigueur le 15 février restait très fragile, malgré la poursuite du retrait des armes lourdes le long de la ligne de front dans l'Est séparatiste prorusse.
Les observateurs de l'OSCE qui doivent notamment surveiller le retrait de ces armes sont toujours "trop limités dans leurs mouvements", a regretté vendredi auprès de l'AFP M. Zannier, à Riga.
"Il y a des zones que nous ne pouvons tout simplement pas atteindre", a regretté l'ambassadeur qui devait faire un compte-rendu de la situation aux ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis dans la capitale lettone.
L'UE a imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie, qu'elle accuse d'avoir fourni des armes et des troupes aux séparatistes, ce que Moscou nie avec force.
Ces sanctions, qui arrivent à échéance en juillet, doivent être renouvelées dans les semaines à venir, ce qui déclenche un vif débat entre Européens divisés entre "faucons" -la Pologne, les pays baltes et la Grande-Bretagne- et les "colombes", dont l'Italie, la Grèce ou l'Espagne.
"Nous allons préparer d'éventuelles nouvelles sanctions, qui pourront être imposées rapidement en cas de nouvelle action allant dans le sens d'une agression majeure de la part de la partie russe ou bien si les obligations découlant de l'accord de Minsk ne sont pas respectées", a ainsi déclaré le chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond à Varsovie.
Mais "pour l'Espagne, ce n'est pas le moment d'accélérer les sanctions, il faut donner une chance à la paix", a au contraire estimé le ministre José Manuel Garcia Margallo à son arrivée à Riga.
Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, a espéré que les Européens resteront "unis pour isoler la Russie", appelant lui à une réponse plus sévère encore, et notamment la livraison d'armes qui est ouvertement évoquée aux Etats-Unis, même si le président Barack Obama s'y est jusqu'à présent dit opposé.
Malgré une accalmie relative sur le terrain, des tirs sporadiques sont relevés quasi quotidiennement dans l'Est où le conflit a fait près de 6.000 morts en dix mois.
- Retrait des systèmes Ouragan -
En arrivant en Lettonie qui préside actuellement l'UE, pour une réunion des ministres des Affaires étrangères, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, s'est montrée réticente à toucher aux sanctions.
Elle a estimé que la "tendance était positive, même si ce n'est pas parfait" à propos de la situation dans l'Est, ajoutant que de nouvelles sanctions contre Moscou étaient toujours une option si le cessez-le-feu devait échouer.
Les accords de paix de Minsk 2 conclus le 12 février prévoient, outre un cessez-le-feu, un retrait de toutes les armes lourdes par les deux parties afin d'établir une zone tampon d'une profondeur de 50 kilomètres à 140 kilomètres en fonction du type d'armes.
Le processus a démarré avec du retard, mais depuis un peu plus d'une semaine les deux parties assurent qu'il est en cours. Vendredi, un porte-parole militaire a assuré qu'il se poursuivait.
"Les soldats ukrainiens ont commencé le retrait des systèmes de lance-roquettes multiples Ouragan", a déclaré à l'AFP Anatoli Stelmakh, après avoir indiqué auparavant que celui des canons de 100 millimètres était achevé.
Après la prise par les rebelles de Debaltseve, n?ud ferroviaire à mi-chemin entre les capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk, en dépit de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, beaucoup craignent que Marioupol, dernière grande ville de la zone de conflit sous le contrôle de Kiev, ne soit la prochaine cible des séparatistes.
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