Le conseil général du Tarn a donné le signal de l'expulsion des zadistes de Sivens, qui a commencé à la mi-journée, en votant vendredi matin pour la réalisation d'un barrage réduit par rapport au projet initial, très contesté par les écologistes.
La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal avait indiqué que l'expulsion des zadistes opposés à tout barrage sur le site devrait suivre rapidement le choix par le conseil général d'une alternative au projet initial, né en 2004 pour irriguer les terres agricoles et voté il y a deux ans.
"Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a ordonné l'évacuation de la zad de Sivens", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministre Pierre-Henry Brandet, peu avant l'intervention des gendarmes. La veille, M. Cazeneuve avait dit vouloir éviter "de nouveaux déferlements de violence susceptibles de conduire à de nouveaux drames".
Une référence à la mort du jeune écologiste, Rémi Fraisse, tué le 26 octobre par une grenade offensive des gendarmes lors d'affrontements sur le site, occupé depuis octobre 2013 par des opposants s'inspirant de la Zad (Zone à défendre) contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
Depuis le début de la semaine, 300 gendarmes ont eu du mal à éviter les affrontements entre la quarantaine de zadistes occupant le site et les 200 agriculteurs de la FNSEA venus les assiéger.
Après le vote du conseil général par 43 voix sur 46 pour un projet redimensionné, et "l'expulsion sans délai" des zadistes, les agriculteurs probarrage ont décidé de lever leur blocus de la zone. "Dans la mesure où le conseil général a pris une décision et que l'expulsion va se faire, on laisse la place aux forces de l'ordre", a déclaré à l'AFP Roland Legrand, président des Jeunes Agriculteurs (JA, section jeune de la FNSEA) du Tarn.
Cinq zadistes au moins ont pris les devants, quittant spontanément les lieux sous la protection des gendarmes tandis que d'autres pliaient leur tente et que la préfecture évoquait des discussions "très responsables" avec le collectif des zadistes.
- Partir ou se cacher -
D'autres tels Christian, ont indiqué lors d'un point-presse improvisé après l'entrée des gendarmes sur le site qu'ils allaient "se cacher dans les bois". "On ne partira pas", a-t-il ajouté. Parallèlement, d'autres zadistes faisaient état de plusieurs interpellations lors d'une première charge des gendarmes.
Après les escarmouches de la semaine autour du site, les tentatives infructueuses de "ravitailler les résistants", les accusations réciproques d'agression, la destruction de deux cabanes par les agriculteurs probarrage, taxés de "milice" par les zadistes, un calme précaire régnait sur le site jusqu'à l'intervention des forces de l'ordre.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait appelé "à l'apaisement" jeudi, tout comme le président national de la FNSEA Xavier Beulin. La préfecture présentait alors comme une mission "d'interposition" le déploiement massif de gendarmes.
"En raison du climat de violence", le ministre avait fait interdire par le préfet les deux manifestations opposées prévues devant le conseil général pendant les débats de l'assemblée départementale.
Les deux camps ont accepté de renoncer à ces manifestations, mais la tension évitée à Albi s'est recentrée sur Sivens avec le début d'intervention des forces de l'ordre.
Le Conseil général du Tarn avait le choix entre deux alternatives réduites à la retenue d'eau de 1,5 million de m3, rejetée par Ségolène Royal.
La ministre avait présenté mi-janvier deux solutions de remplacement: un Sivens "light" visant un réservoir réduit de moitié environ, soit 750.000 m3, ou un ensemble de quatre retenues plus petites, une à Sivens et trois autres non loin.
Le président du Conseil général, le socialiste Thierry Carcenac, a affirmé que le deuxième scénario était trop coûteux et long à réaliser.
M. Carcenac a annoncé à l'AFP que des études complémentaires allaient être menées pour préciser le projet redimensionné. "Nous verrons où ce redimensionnement se positionnera", a-t-il expliqué, ajoutant qu'il existait une "marge de manoeuvre de plus ou moins 10%" sur la contenance de l'ouvrage par rapport aux 750.000 m3 évoqués par le ministère de l'Ecologie.
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