Pour beaucoup, il était le responsable du quadruple meurtre de Chevaline (Haute-Savoie). Le mystérieux motard, recherché par des dizaines d'enquêteurs depuis plus de deux ans, n'était en fait qu'un chef d'entreprise adepte de parapente, aperçu par hasard près du lieu du crime.
"C'est un chef d'entreprise de Rhône-Alpes, honorablement connu et au-dessus de tout soupçon, qui était venu faire du parapente et qui rentrait chez lui", a déclaré à l'AFP le procureur de la République à Annecy, Éric Maillaud.
Croisé par des agents de l'Office national des forêts (ONF), cet homme, portant le bouc et un casque noir, avait longtemps fait office de principal suspect dans cette affaire hors norme.
Il se trouvait en effet sur la route de la Combe d'Ire, près de Chevaline, entre 15H15 et 15H40 le 5 septembre 2012. Soit presque au moment où ont été tués, de plusieurs balles dans la tête, Saad al-Hilli, Britannique d'origine irakienne de 50 ans, sa femme et sa belle-mère. Un cycliste de la région, probable victime collatérale, avait également été abattu.
La fille aînée du couple al-Hilli, âgée de 7 ans, avait été grièvement blessée tandis que sa petite s?ur de 4 ans, dissimulée sous les jambes de sa mère, s'en était miraculeusement sortie indemne.
- Portrait-robot -
Plus d'un an après la tuerie, en novembre 2013, la gendarmerie avait diffusé le portrait-robot du motard, mettant l'accent sur son casque, très rare, vendu à moins de 8.000 exemplaires dans ce modèle. Ce motard "est potentiellement l'auteur mais il est surtout un témoin", avait alors souligné l'un des enquêteurs.
Le fait que ce motard recherché depuis des mois ne se soit jamais présenté à eux laissait cependant planer de fortes suspicions quant à son éventuelle implication dans la tuerie. Une voiture 4X4 BMW X5 à conduite à droite, grise ou de couleur sombre, était aussi recherchée et avait fait l'objet d'un appel à témoins quelques mois plus tôt.
Une des hypothèses des enquêteurs était alors que la famille al-Hilli fût suivie par la BMW qui aurait alerté le motard. Celui-ci aurait profité d'un endroit isolé pour passer à l'acte.
Trois mois plus tard, en février 2014, un ancien policier municipal présentant une forte ressemblance avec le portrait-robot avait été interpellé, passant quatre jours en garde à vue, avant d'être mis hors de cause pour la tuerie.
- 'Il n'a rien vu' -
Les gendarmes sont finalement remontés au vrai motard en identifiant les 4.000 numéros de portable qui avaient déclenché l'un des relais de téléphonie mobile situés près du lieu du crime. Des images de vidéosurveillance ont permis de recouper ces investigations.
Interrogé par les juges d'instruction en février, l'homme a expliqué s'être rendu sur les bords du lac d'Annecy pour pratiquer le parapente. Les jours de beau temps, plusieurs centaines de parapentistes sautent du col de la Forclaz, non loin du lieu du crime.
Ayant garé sa moto à Doussard, près de Chevaline, l'homme s'apprêtait à rentrer chez lui par la route de la Combe d'Ire quand il a été refoulé par des agents de l'ONF, cette route étant interdite aux véhicules.
"Il dit qu'il n'a absolument rien vu (en rapport avec le crime, ndlr). Mais il doit être réentendu prochainement. On va lui demander de raviver ses souvenirs", a expliqué M. Maillaud.
Le procureur n'a pas souhaité donner plus de détails permettant d'identifier le témoin. L'homme, qui n'a pas de casier judiciaire, ne se serait jamais présenté aux gendarmes car "il n'a pas fait attention à tout le battage médiatique autour du motard", a précisé le magistrat.
"C'est intéressant de savoir que deux ans et demi après, on continue à trouver des éléments nouveaux", souligne-t-il. Mais l'énorme dossier de Chevaline, aux milliers de pages, n'en paraît que plus insoluble.
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