Le groupe Etat islamique a commencé jeudi à détruire au bulldozer la ville de Nimroud, joyau archéologique du nord de l'Irak, une semaine après la diffusion par les jihadistes d'une vidéo de la destruction de sculptures préislamiques inestimables à Mossoul.
L'ONU a annoncé dans le même temps que quelque 28.000 personnes avaient fui en quelques jours la région de Tikrit, plus au sud, où les forces gouvernementales ont lancé une offensive d'envergure pour en chasser l'EI.
L'EI a "pris d'assaut la cité historique de Nimroud et a commencé à la détruire avec des bulldozers", a dit le ministère du Tourisme et des Antiquités sur sa page officielle Facebook.
Un responsable des Antiquités a confirmé ces informations. "Jusqu'à présent, nous ne pouvons pas mesurer l'ampleur des dégâts", a dit ce responsable sous couvert d'anonymat.
Nimroud, une cité fondée au 13e siècle avant JC, est située sur les rives du Tigre à quelque 30 km de Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak, contrôlée par l'EI depuis juin.
Jeudi dernier, l'EI avait diffusé une vidéo sur laquelle des jihadistes réduisaient en miettes des sculptures préislamiques du musée de Mossoul. Pour l'organisation jihadiste, statues, tombeaux et représentations "favorisent l'idolâtrie" et méritent donc d'être détruits.
- "Désastre" -
Après leur saccage à Mossoul, les jihadistes auraient lancé aux gardiens du musée, que Nimroud était leur prochaine cible.
"C'est l'une des plus importantes capitales assyriennes, on y trouve des bas-reliefs et des taureaux ailés () Cela serait un véritable désastre", avait alors indiqué à l'AFP Abdelamir Hamdani, un archéologue irakien de l'Université Stony Brook de New York.
La destruction des trésors de Mossoul avait été condamnée par la communauté internationale, la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova réclamant à la Cour pénale internationale (CPI) de se saisir du cas.
L'EI a lancé une offensive fulgurante en juin 2014 en Irak, s'emparant de larges pans du territoires, notamment au nord de Bagdad.
Les forces gouvernementales, appuyées par les raids aériens de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, tentent depuis plusieurs mois de reprendre le terrain perdu.
Elles ont notamment lancé lundi une offensive mobilisant 30.000 hommes pour reprendre Tikrit, la deuxième plus importante ville conquise en Irak par l'EI après Mossoul.
- 28.000 déplacés -
"Les opérations militaires dans et autour de Tikrit ont précipité le déplacement d'environ 28.000 personnes vers Samarra", ont indiqué les Nations unies dans un communiqué jeudi, ajoutant que des "mouvements de déplacement supplémentaires" étaient toujours en cours au quatrième jour de l'assaut.
Les 28.000 personnes déplacées cette semaine viennent gonfler les rangs des 2,5 millions d'Irakiens chassés de chez eux par les violences, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Cependant, Amnesty International et Human Rights Watch s'inquiètent des dangers encourus par les civils à Tikrit après plusieurs menaces de représailles formulées par les miliciens chiites, dont des milliers de recrues ont été massacrées par l'EI dans le secteur en juin. Des tribus sunnites avaient alors été accusées de complicité.
Dans la bataille de Tikrit, les Irakiens n'ont pas demandé l'aide de la coalition, qui poursuit ses frappes quotidiennes contre l'EI ailleurs en Irak. La coalition mène également des frappes contre l'EI dans la Syrie voisine.
Les Etats-Unis ont en revanche confirmé la participation de l'Iran dans cette bataille.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite à Ryad, a indiqué jeudi que le général Ghassem Souleimani, chef de la Force Qods, une unité d'élite des Gardiens de la révolution, a été présent en Irak.
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