C'est un petit carré qui fond dans la bouche et dont le prix fait tout autant fondre les économies des Russes: le chocolat artisanal, vendu parfois à un prix rédhibitoire, est un luxe auquel tiennent beaucoup d'amateurs en Russie, malgré la crise.
"La crise, elle n'affecte aucunement les ventes du chocolat artisanal", affirme Dmitri Abrikossov, propriétaire de la marque de chocolat "Abrikossov et fils", une des plus anciennes de Russie.
"Une barre de chocolat artisanal à 1.000 roubles (environ 15 euros) procure des sensations tout à fait différentes" que celles données par le chocolat industriel, vendu souvent à 70 roubles (1 euro), "et les gens sont prêts à payer pour cela", assure-t-il à l'AFP.
Riche en sérotonine, l'"hormone du bonheur", le chocolat "aide apparemment les Russes à vivre la crise de manière plus légère, à ne pas tomber dans la dépression", estime Vitali Ponomarev, chocolatier de la société russe Confael, dont une des spécialités est la création de tableaux en chocolat.
"C'est étonnant mais, bien que ce soit la crise, la demande pour le chocolat artisanal a augmenté", remarque-t-il.
Signe que le chocolat résiste à la sinistrose ambiante, le Salon du Chocolat de Moscou a été lancé mercredi soir en grande pompe dans la capitale russe, après une pause de sept ans.
"Le chocolat, c'est un aliment exceptionnel (..) même en période difficile, il donne un peu de bonheur", s'est félicité lors de la cérémonie d'inauguration le Français François Jeantet, fondateur du Salon du Chocolat.
La Russie est secouée depuis plusieurs mois par une grave crise économique, provoquée par les sanctions occidentales liées au conflit ukrainien et la chute des prix du pétrole, des facteurs qui ont fait perdre à la monnaie russe presque la moitié de sa valeur l'an dernier.
La population russe subit également une forte inflation, qui affecte aussi l'industrie chocolatière en raison de l'envolée des prix des fèves de cacao, fixés en devise étrangère.
Mais le monde du chocolat russe est loin de se plaindre: le cacao fait partie des produits dont refusent de se passer les Russes.
- Secteur prometteur -
Avec une vingtaine de chocolatiers russes, sur environ 30 participants, le Salon du chocolat permet aussi aux Russes de réaliser que si les fèves viennent d'ailleurs, les tablettes, elles, sont un produit national, un argument de vente non négligeable en ces temps d'embargo alimentaire imposé par la Russie depuis août sur de nombreux produits occidentaux.
L'industrie du chocolat russe, qui se développe à un rythme croissant, a le vent en poupe: "beaucoup de gens en Russie investissent actuellement leur argent et savoir-faire dans l'industrie du chocolat artisanal", indique M. Abrikossov.
De nombreuses sociétés proposant du chocolat artisanal "de luxe" se sont en effet implantées ces dernières années à Moscou, comme dans d'autres villes, parmi lesquelles Kirov (900 km à l'est de la capitale russe) ou Ekaterinbourg, dans l'Oural.
Dans un pays comme la Russie, exposée souvent à des périodes particulièrement froides, le "véritable chocolat artisanal" est très demandé car il "fait remonter le moral et renforce l'immunité", affirme M. Abrikossov.
Le chocolat artisanal en Russie est donc un "secteur très prometteur", assure-t-il en précisant que les chocolatiers russes ont "tendance à opter pour la meilleure qualité", sans se préoccuper du prix.
"Le chocolat, c'est le meilleur moyen de lutter contre la dépression", assure Evgueni Trostentsov, organisateur de ce salon. "Et dans la situation où nous sommes, il semble qu'il faut en consommer tous les jours pour ne pas perdre son optimisme".
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