La Banque centrale européenne (BCE) a sans surprise laissé jeudi ses taux inchangés, les regards étant désormais tournés vers la conférence de presse de son président qui pourrait dévoiler des détails concernant les rachats massifs de dettes que l'institution prévoit.
Le conseil des gouverneurs de la BCE, qui se réunissait cette fois-ci à Nicosie, sur l'île de Chypre, a décidé de maintenir son principal taux directeur, référence pour le crédit zone euro, à 0,05%, le plus bas niveau historique auquel il avait été amené en septembre. Les deux autres taux de l'institution, celui sur les dépôts des banques et sur les prêts à très court terme, ont été laissés à -0,2% et 0,3% respectivement.
Les observateurs n'attendaient aucune modification de ces taux.
Le président de l'institution monétaire, l'Italien Mario Draghi, devait désormais tenir sa traditionnelle conférence de presse à 13H30 GMT, organisée au sein du palais des congrès de Nicosie. Les analystes espère que celui-ci dévoilera de nouveaux détails sur des rachats massifs d'actifs auxquels l'institution doit procéder très prochainement.
Inquiète de la dégradation des prix en zone euro, la BCE avait décidé fin janvier de recourir à son arme ultime: un vaste programme de rachats massifs de dette publique et privée, sur le modèle de la Banque d'Angleterre ou de la Réserve fédérale américaine.
Ce programme d'"assouplissement quantitatif", ou "QE" selon son acronyme anglo-saxon, prévoit le rachat de quelque 1.140 milliards d'euros de dette publique et privée d'ici septembre 2016, au rythme de 60 milliards par mois.
- Eclaircie en vue pour la croissance -
M. Draghi doit également présenter durant cette conférence les prévisions économiques actualisées de la banque centrale, comme chaque trimestre, pour 2015 et 2016, et dévoilera pour la première fois ses attentes pour 2017.
"Nous attendons une révision à la hausse des prévisions de croissance", à la faveur notamment d'une baisse du cours de l'euro et d'une énergie meilleure marché, prédit Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Les perspectives d'inflation devraient en revanche être une fois encore abaissées, baisse du cours de l'or noir oblige. Les prix en zone euro ont à nouveau reculé en février, de 0,3% après une chute de 0,6% en janvier, très loin de l'objectif de la BCE d'une inflation légèrement inférieure à 2%.
"Il va être intéressant de voir si et comment" la BCE prend en compte dans ses prévisions l'impact potentiel de son QE, ajoute M. Brzeski. "La question cruciale", pour lui, "va être de savoir si le QE va être véritablement utile, au delà de l'effet purement psychologique dû à son annonce".
- La Grèce sur la sellette -
Le dossier grec pourrait par ailleurs s'inviter dans les discussions lors de la traditionnelle séance de questions-réponses entre M. Draghi et les journalistes.
Début février, sur fond de poker entre Athènes et ses partenaires européens concernant l'avenir du pays au sein de la zone euro, l'institution monétaire avait fait sauter un régime d'exception en faveur des banques helléniques, qui leur permettait d'accéder à ses opérations régulières de financement.
Depuis les établissements bancaires grecs, fragilisés par des retraits massifs de leurs clients, survivent grâce à des liquidités d'urgence (ELA) fournies par la Banque de Grèce, mais auxquelles la BCE peut mettre fin à tout moment.
Une source gouvernementale à Athènes a indiqué mercredi que le Premier ministre Alexis Tsipras avait joint par téléphone à Chypre Yannis Stournaras, gouverneur de la Banque de Grèce, pour lui "exprimer sa confiance dans le fait qu'il fera son maximum pour restaurer intégralement () le financement de l'économie grecque".
"Il est probable que la BCE va attendre un accord formel concernant l'avancement des réformes en Grèce" avant de permettre aux banques grecques de réintégrer les circuits normaux, anticipe Mario Valli, chef économiste chez UniCredit, qui mise pour cela sur le mois d'avril.
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