La Banque centrale européenne (BCE) est attendue au tournant ce jeudi à Nicosie concernant les détails de son vaste programme de rachats de dettes, dont le coup d'envoi est imminent, de même que sur la Grèce.
Les analystes n'attendent guère d'annonce nouvelle de la part de l'institution monétaire de Francfort, qui a déjà décidé fin janvier de recourir à son arme ultime: un vaste programme de rachats massifs de dette publique et privée, sur le modèle de la Banque d'Angleterre ou de la Réserve fédérale américaine.
Ce programme d'"assouplissement quantitatif", ou "QE" selon son acronyme anglo-saxon, prévoit le rachat de quelque 1.140 milliards d'euros de dette publique et privée d'ici septembre 2016, au rythme de 60 milliards par mois, afin de relancer la très faible dynamique des prix en zone euro.
Reste à savoir si le président de l'institution, l'Italien Mario Draghi, dévoilera davantage de détails sur cette opération, version moderne de la "planche à billet". Si son coup d'envoi a été annoncé pour mars, la date exacte reste à ce stade inconnue.
Le banquier central tiendra sa traditionnelle conférence de presse à 13H30 GMT, juste après la réunion de son conseil des gouverneurs, organisée cette fois-ci à Nicosie, sur l'île de Chypre.
"Draghi risque d'éviter de donner trop d'informations sur le QE, alors que la BCE veut se laisser un maximum de flexibilité", face à "certaines catégories d'investisseurs (qui) semblent peu désireuses de vendre" leurs titres de dette, estime Marco Valli, économiste chez Unicredit.
- Eclaircie en vue pour la croissance -
La BCE actualisera jeudi ses prévisions économiques pour 2015 et 2016, et dévoilera pour la première fois ses attentes pour 2017.
"Nous attendons une révision à la hausse des prévisions de croissance", à la faveur notamment d'une baisse du cours de l'euro et d'une énergie meilleure marché, prédit Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Les perspectives d'inflation devraient en revanche être une fois encore abaissées, baisse du cours l'or noir oblige. Les prix en zone euro ont à nouveau reculé en février, de 0,3% après 0,6% en janvier, très loin de l'objectif de la BCE d'une inflation légèrement inférieure à 2%.
"Il va être intéressant de voir si et comment" la BCE prend en compte dans ses prévisions l'impact potentiel de son QE, ajoute M. Brzeski. "La question cruciale", pour lui, "va être de savoir si le QE va être véritablement utile, au delà de l'effet purement psychologique dû à son annonce".
De l'aveu même de M. Draghi, les rachats massifs d'actifs constituent la dernière arme de la banque centrale pour contrer le risque de déflation, spirale auto-entretenue de baisse des prix et des salaires et synonyme de dépression économique.
- La Grèce sur la sellette -
"La Grèce pourrait également être sous le feu des projecteurs" durant la conférence de presse, souligne Johannes Gareis, économiste chez Natixis.
Début février, sur fond de poker entre Athènes et ses partenaires européens concernant l'avenir du pays au sein de la zone euro, l'institution monétaire a fait sauter un régime d'exception en faveur des banques helléniques, qui leur permettait d'accéder à ses opérations régulières de financement.
Depuis les établissements bancaires grecs, fragilisés par des retraits massifs de leurs clients, survivent grâce à des liquidités d'urgence (ELA) fournies par la Banque de Grèce, mais auxquelles la BCE peut mettre fin à tout moment.
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