"C'était lui": au premier jour du procès des attentats du marathon de Boston, la défense a reconnu mercredi la responsabilité de l'accusé Djokhar Tsarnaev, mais dans un effort pour lui éviter la peine de mort, a insisté sur l'influence majeure de son frère aîné.
Dans une salle du tribunal fédéral de Boston pleine à craquer, qui a ensuite entendu plusieurs victimes amputées raconter en larmes leurs souffrances, l'avocate de Djokhar Tsarnaev, 21 ans, n'a pris que 20 minutes pour présenter sa ligne de défense dans sa déclaration d'ouverture.
"C'était lui. Nous n'esquivons pas, n'esquiverons pas, ou n'essayerons pas d'esquiver sa responsabilité pour ses actions", a déclaré Judy Clarke à propos des attentats d'avril 2013. Mais elle a demandé aux jurés, qui devront décider entre réclusion à perpétuité et peine de mort s'ils jugent Tsarnaev coupable, de garder l'esprit ouvert jusqu'à la deuxième partie du procès consacrée à la sentence.
Mme Clarke, qui a évité à plusieurs de ses clients la peine capitale, a affirmé que Tsarnaev avait été radicalisé par son frère aîné Tamerlan, 26 ans, tué quelques jours après les attentats lors d'une confrontation avec la police.
"C'était Tamerlan Tsarnaev qui s'était auto-radicalisé. C'était Djokhar qui suivait", a-t-elle dit.
En veste de costume et chemise à col ouvert, regardant droit devant lui, le jeune homme à la tignasse rebelle a suivi sans réaction particulière la première journée d'audience.
- Victimes en larmes -
Plusieurs victimes, certaines amputées et marchant difficilement, ont ensuite raconté leurs souvenirs du 15 avril 2013, les cris, le chaos, la fumée, la peur de mourir et la souffrance.
Karen McWatters, amputée d'une jambe, était amie de Krystle Campbell, 29 ans, une des trois personnes tuées près de la ligne d'arrivée du marathon.
"Je pouvais voir l'avant de ma jambe, mon pied de travers, j'ai essayé de m'asseoir et de m'approcher de Krystle Mais il y avait plein de choses par terre qui me brûlaient, a-t-elle raconté. "Je souffrais horriblement, je me suis rapprochée, nous avons essayé de rapprocher nos visages () Je n'ai jamais vraiment regardé ses blessures. Elle m'a dit très lentement que ses jambes lui faisaient mal. Nous nous tenions la main, jusqu'à ce que sa main devienne molle. Elle n'a plus rien dit après, et je ne l'ai jamais revue vivante".
Dans la matinée, le procureur William Weinreb avait durant 50 minutes ravivé les souvenirs douloureux du carnage qui avait fait 3 morts et 264 blessés quand deux bombes artisanales déposées par les frères Tsarnaev près de la ligne d'arrivée du marathon avaient explosé à quelques secondes d'intervalle.
Le procureur a raconté les milliers de spectateurs massés sur le parcours, dont de nombreuses familles.
"Le but était de tuer autant de personnes que possible", a-t-il asséné. "Certaines ont saigné à mort sur le trottoir pendant que l'accusé s'enfuyait", a-t-il ajouté, évoquant le cas du petit Martin Richard, 8 ans.
L'enfant était si petit, a-t-il dit, que la bombe l'a éviscéré, exposant ses côtes et ses organes, et brûlant sa peau.
Vingt minutes plus tard, a ajouté le procureur, Djokhar Tsarnaev achetait du lait dans un supermarché, "comme s'il n'en avait strictement rien à faire", avant de retourner sur son campus.
Djokhar Tsarnaev, un jeune musulman d'origine tchétchène, arrivé en 2002 avec ses parents dans la région de Boston (nord-est des Etats-Unis) et devenu citoyen américain en 2012, a plaidé non coupable des 30 chefs d'accusation retenus contre lui pour ces attentats, les plus graves depuis le 11-Septembre aux Etats-Unis.
- Radicalisation progressive -
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