Plusieurs victimes, dont certaines amputées, ont fait revivre mercredi à Boston le cauchemar des attentats du marathon en 2013, les cris, la souffrance et la peur de mourir, au premier jour du procès de Djokhar Tsarnev.
Après la première explosion "c'était le chaos. Des cris, de la fumée, j'essayais de comprendre ce qui venait de se passer", a raconté à la barre, Karen McWatters, amputée d'une jambe, qui était amie de Krystle Campbell, 29 ans, une des trois personnes tuées.
Elles étaient allées ensemble encourager le petit ami de Karen, et une photo les montrant souriantes, prise avec un téléphone portable peu avant le drame, a été montrée aux jurés.
"Et il y a eu une autre explosion, et encore plus de chaos, pire que la première fois. Je pouvais voir l'avant de ma jambe, mon pied de travers, j'ai essayé de m'asseoir et de m'approcher de Krystle Mais il y avait plein de choses par terre qui me brûlaient, a-t-elle raconté. "Je souffrais horriblement, je me suis rapprochée, nous avons essayé de rapprocher nos visages () Je n'ai jamais vraiment regardé ses blessures. Elle m'a dit très lentement que ses jambes lui faisaient mal. Nous nous tenions la main, jusqu'à ce que sa main devienne molle. Elle n'a plus rien dit après, et je ne l'ai jamais revue vivante".
- Hurlements -
"Des gens hurlaient que nous étions dans un état critique. Ils l'ont mise sur le côté, quelqu'un a essayé de la réanimer. A ce moment j'ai compris qu'elle n'avait pas survécu".
Karen sera amputée deux jours plus tard. "On m'a dit qu'il fallait amputer. A ce point la douleur était insupportable, quelle que soit la quantité de médicaments qu'on me donnait".
Une étudiante de 19 ans, Sidney Corcoran, qui était venue avec ses parents encourager une tante au marathon, a aussi raconté la peur, la fumée qui fait perdre tout repère, le choc. "J'avais l'impression que tout le monde autour de moi avait disparu. Je n'ai pas réalisé que j'étais blessée, j'ai commencé à vouloir marcher en boitant. Et je me souviens ensuite que j'étais allongée sur le dos, des hommes cherchant à faire un garrot autour de ma cuisse. L'un d'eux a collé son front contre le mien, m'a dit que j'allais m'en sortir, et qu'il fallait que je m'accroche. Un autre m'a dit qu'il fallait que je tienne sa chemise aussi fort que possible, qu'il voyait que mon visage devenait blanc, et que mon corps était de plus en plus froid. Je savais que j'étais en train de mourir. Et je me souviens d'avoir eu des moments de panique, en regardant le chaos autour de moi, le carnage".
"Je n'avais aucune idée de ce qui s'était passé, c'était irréel, deux secondes plus tôt j'étais heureuse, et j'étais maintenant sur un brancard, transportée sous une tente de secours", l'artère fémorale sectionnée.
A son réveil à l'hôpital, intubée et sans pouvoir parler, elle demandera, par écrit à son frère des nouvelles de sa mère, et apprendra qu'elle est vivante, mais a perdu ses deux jambes dans les attentats.
Elles seront ensuite réunies, hospitalisées dans la même chambre.
Djokhar Tsarnaev, 21 ans, qui a écouté sans réaction les témoignages, risque la peine de mort.
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