La tension est encore montée d'un cran mercredi entre pro et antibarrage de Sivens (Tarn) à 48 heures d'un débat au Conseil général à Albi sur des projets alternatifs à la retenue d'eau contestée.
A Sivens (Tarn), les agriculteurs qui bloquaient depuis lundi les deux principales entrées de la ZAD occupée par une quarantaine de militants, ont pénétré sur le site, a-t-on appris de la part des deux camps.
Ils "sont rentrés sur l'un des quatre points de rassemblement des zadistes, dit +le califat+. On a démonté un chapiteau et des cabanes", a affirmé à une correspondante de l'AFP par téléphone Philippe Jougla, président de la branche tarnaise du syndicat agricole FNSEA.
Un militant proche des zadistes, se faisant comme à l'accoutumée appeler "Camille", a fait état auprès de l'AFP d'attaques d'agriculteurs qui, selon lui, auraient en plus "mis le feu à une bergerie des zadistes qui abritait des chèvres, des moutons et des chiots, sans faire de victime car le feu a été rapidement circonscrit".
"Nous assistons à des scènes de guérilla", a indiqué M. Jougla. "Ils ont caillassé une de nos voitures. Ils sont rentrés dans des fermes. On les a coursés. Ils sont hyper agressifs", a-t-il affirmé, indiquant en fin d'après-midi qu'il y avait "150 agriculteurs sur site".
Quelque 200 pro-zadistes, qui s'étaient regroupés dans l'après-midi à Gaillac, principale ville proche du site, pour partir en convoi alimentaire vers leurs camarades encerclés, "sont en train d'essayer de rentrer", précisait l'agriculteur en fin d'après-midi.
De source préfectorale sur le site, on confirmait que des "zadistes sont venus à 50 de Gaillac" sur le site.
A Gaillac, après de longues négociations avec la mairie, décision avait été prise de remettre la cargaison d'aliments à un élu à bord d'une estafette partie pour la ZAD, à condition que les manifestants ne s'y rendent pas. "Ils n'ont pas respecté leurs engagements. Du coup, la camionnette ne viendra pas", a-t-on indiqué à l'AFP de même source.
A l'une des entrées de la ZAD, une journaliste de l'AFP a constaté qu'environ une centaine de gendarmes faisaient tampon entre les deux camps, sans être en mesure de confirmer les destructions telles qu'annoncées par les deux parties.
- Pressions tous azimuts -
Les autorités avaient affirmé leur détermination à maintenir l'ordre. "Il est hors de question que le convoi ait accès" à la Zone à défendre (ZAD), instaurée en octobre 2013 à Sivens, avait-elles indiqué dans la journée. "Tout sera mis en oeuvre pour éviter la moindre confrontation entre pro et antibarrage", avaient-elles ajouté.
Sivens est déjà endeuillé par la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse, tué le 26 octobre par une grenade des gendarmes lors d'affrontements sur le site.
Dans la matinée, une poignée de zadistes qui avaient répondu à un appel à manifester sur la place du Capitole à Toulouse, ont pris la route à pieds pour rejoindre d'ici jeudi la ZAD. Une demi-douzaine d'entre eux étaient attendus dans la soirée dans une ville étape, Saint-Sulpice, proche de Sivens. Un des militants, Fatima Guevara, s'est plaint à l'AFP par téléphone que "des agriculteurs les empêchaient de rentrer" dans cette commune.
Ils devaient converger ensuite vers Sivens où les agriculteurs s'affirmaient prêts à laisser sortir du site qu'ils bloquent les zadistes mais à ne laisser entrer personne.
Des membres du syndicat majoritaire FNSEA veulent ainsi mettre la pression sur les zadistes et l'Etat jusqu'à la réunion du Conseil général du Tarn vendredi à Albi sur les alternatives au projet initial de barrage. Ils disent leur "exaspération" face à une occupation qui perdure malgré les ordonnances d'expulsion prononcées en février.
Depuis, les manifestations de protestation se sont multipliées, souvent accompagnées de heurts et dégradations, en dernier lieu le 21 février à Nantes et Toulouse.
Pro et antibarrage ont annoncé des rassemblements à Albi vendredi matin, pour la session du Conseil général.
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