Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu va défier mardi le président américain Barack Obama en dénonçant devant le Congrès des Etats-Unis l'accord sur le nucléaire iranien que Washington veut conclure avec Téhéran à la fin du mois.
Au moment où M. Netanyahu s'adressera solennellement au Capitole, les chefs des diplomaties américaine et iranienne, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, négocieront en Suisse la dernière ligne droite vers un règlement définitif censé encadrer le programme nucléaire de la République islamique.
Le discours du chef du gouvernement israélien est d'ores et déjà historique: après ses deux interventions au Congrès en 1996 et en 2011, il sera le seul dirigeant étranger, avec Winston Churchill, à s'être exprimé à trois reprises dans le temple de la démocratie américaine.
Lundi, devant 16.000 délégués du groupe de pression américain pro-israélien Aipac, il a déjà voué aux gémonies l'accord que le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran s'efforcent de conclure d'ici au 31 mars.
Un accord, a-t-il tonné, qui "pourrait menacer la survie d'Israël".
A la tribune du Congrès, devant nombre d'élus républicains et démocrates hostiles à l'Iran, il devrait une nouvelle fois exhorter le monde à empêcher la puissance chiite de pouvoir fabriquer un jour la bombe atomique.
M. Netanyahu, dont les relations personnelles avec M. Obama sont exécrables, a toutefois assuré que sa venue exceptionnelle au Congrès n'était pas un signe d'"irrespect" à l'égard du président américain.
- 'Envoyé du peuple juif' -
Car cette "mission historique" à Washington de Benjamin Netanyahu, qui se présente comme "l'envoyé () de l'ensemble du peuple juif", a provoqué un sérieux coup de froid avec l'allié américain.
Le voyage s'est fait à l'invitation du président républicain de la Chambre des représentants John Boehner, dans le dos de l'administration démocrate et a provoqué la colère de la Maison Blanche. Le président américain a du coup exclu de rencontrer le chef du gouvernement israélien.
Les deux hommes ont d'ailleurs étalé lundi toutes leurs divergences.
Barack Obama a accusé Benjamin Netanyahu de s'être trompé par le passé sur le bien-fondé de l'accord définitif que le 5+1 tente de sceller avec Téhéran.
Le président américain a pris l'exemple de l'accord provisoire, signée en novembre 2013, qui a gelé une partie des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée partielle des sanctions.
"M. Netanyahu a fait toutes sortes de déclarations", a critiqué M. Obama. "Cela allait être un très mauvais accord. Cela allait permettre à l'Iran de récupérer 50 milliards de dollars. L'Iran ne respecterait pas l'accord. Rien de cela ne s'est vérifié", a-t-il dénoncé dans un entretien à l'agence Reuters.
- Rapprochement américano-iranien -
Outre qu'il veut régler définitivement le casse-tête du nucléaire, le président Obama désire un rapprochement de son pays avec Téhéran, 35 ans après la rupture de leurs relations diplomatiques.
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