A l'approche des élections départementales, Nicolas Sarkozy se pose en premier opposant au gouvernement, renvoyant dos à dos PS et FN, et réaffirme son credo économique, dénoncé par le PS comme un "coup de rabot sur notre modèle social".
Taper fort sur le pouvoir socialiste, en évoquant ses "mensonges" et sa "faiblesse", là où ça peut lui faire le plus mal: l'économie. Avec son interview au Figaro lundi, M. Sarkozy espère avoir atteint ses deux objectifs, et ainsi encouragé les électeurs à choisir son parti lors des scrutins des 22 et 29 mars.
Alors que l'UMP est devancée, selon les sondages, par le Front national au premier tour des départementales (le PS l'est encore davantage), son président reprend à son compte le "FNPS", une formule inaugurée par son prédécesseur Jean-François Copé en octobre 2013.
"Voter pour le FN au premier tour, c'est faire gagner la gauche au second. C'est le FNPS. Voter pour l'UMP n'a jamais en revanche fait gagner la gauche. Voter FN, si", affirme M. Sarkozy, qui attend des électeurs UMP qu'ils adressent "un carton rouge" au gouvernement.
Cette supposée collusion entre PS et FN a mis la gauche en émoi, Jean-Christophe Cambadélis, patron des socialistes, affirmant que c'était au contraire les "Buissonneries" de Sarkozy (allusion à son ancien conseiller Patrick Buisson) qui avaient "ouvert la porte" au Front national.
Même tonalité chez Thierry Mandon. "Une des raisons qui expliquent la montée du Front national est la faiblesse du programme de l'UMP" dont "les propositions ne sont, ni plus ni moins, que revenir à un politique qui a échoué", affirme le secrétaire d?État à la Réforme de l?État.
- 'Retour vers le futur' -
C'est la réponse du berger à la bergère. En insistant sur "le contexte très dégradé" de la situation en France, M. Sarkozy avait auparavant pointé, dans son interview au Figaro, les raisons pour lesquelles, selon lui, il n'y aura pas d?embellie économique: "croissance quasi nulle" pour la 3e année consécutive, nombre de chômeurs ("du jamais-vu", insiste-t-il, malgré la petite baisse de janvier), manque de compétitivité des entreprises française, hausses d'impôts, "corporatismes qui entravent la croissance"
De retour au pouvoir, "l'urgence" pour son camp sera de s'attaquer aux "vrais problèmes des entreprises", appelées à devenir "le c?ur de (s)a politique alternative", a-t-il affirmé, égrainant ses propositions, notamment la réduction simultanée des dépenses publiques et des impôts, la baisse des charges, la hausse du temps de travail, le recul de l'âge du départ à la retraite (63 ans dans un premier temps)
Pas de surprises donc dans les mesures préconisées, qu'il a eu l'occasion de décliner ces derniers semaines ou qu'il avait mises en pratique lors de son quinquennat (non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, heures supplémentaires défiscalisées). Un "retour vers le futur", s'est d'ailleurs gaussé M. Mandon.
Mais le plus que probable futur candidat à la primaire de son camp en vue de 2017 a-t-il intérêt à dévoiler des propositions trop affinées dès le début 2015 ? "C'est inenvisageable d'avoir un programme politique tout de suite. Une campagne électorale, c'est fait pour ça. Hollande n'avait sorti ses principales propositions qu'à ce moment-là, en 2012", analyse Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive).
"Sarkozy réfléchit par étapes. Il veut apparaître comme le premier opposant et travaille à la primaire. Il s'adresse donc d'abord à son électorat, d'où une interview au Figaro", journal classé à droite, explique le politologue.
Alors que ses deux principaux concurrents à la primaire ont déjà présenté leur projet économique -François Fillon en juin 2014, Alain Juppé au mois de novembre suivant-, M. Sarkozy s'est donné pour tâche première de "mettre son parti en ordre de marche, de gagner les élections, de rassembler et de montrer qu'il fait vivre le débat. Cela n?aurait aucun sens d'avoir un projet présidentiel clé en main", renchérit un cadre du parti.
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