Succédant à l'ancien guérillero José Mujica, à la renommée mondiale, Tabaré Vazquez a prêté serment dimanche à la tête de l'Uruguay et se trouve au défi de préserver la croissance économique et de mettre en place la vente en pharmacie du cannabis, héritage controversé de son prédécesseur.
Vêtu d'un impeccable complet sombre, le verbe posé, après avoir regretté que "la violence, la peur, la terreur, l'intolérance dominent dans différentes régions du monde", M. Vazquez, premier président de gauche du pays entre 2005 et 2010, a consacré l'essentiel de son discours de 24 minutes à évoquer l'héritage du libérateur du pays, José Artigas.
Des valeurs comme l'égalité, la liberté, le respect et la tolérance "seront des référents" de son nouveau mandat de cinq ans, a assuré cet oncologue de 75 ans lors de sa prestation de serment dans les locaux du Congrès à Montevideo en présence de plusieurs chefs d'Etat de la région, dont Dilma Rousseff (Brésil) et Raul Castro (Cuba).
D'autres dirigeants ont en revanche fait faux-bond, comme l'Argentine Cristina Kirchner, le Vénézuélien Nicolas Maduro ou le vice-président américain Joseph Biden.
M. Vazquez revient à la présidence "comme il y a dix ans, décidé à faire du concret", a estimé le politologue Adolfo Garcé.
Le leadership de ce médecin franc-maçon qui n'a jamais cessé d'exercer a été confirmé peu de temps après sa victoire à la présidentielle face au jeune député de centre droit Luis Lacalle Pou, avec 53,6% des suffrages, en annonçant la composition de son cabinet sans consulter son prédécesseur ni respecter les équilibres politiques au sein de leur coalition de gauche, le Frente Amplio (FA).
Ses premières annonces devraient concerner une meilleure gestion de l'Etat et la création d'un impôt sur les grandes propriétés terriennes, notamment.
- Mujica sénateur -
Célébré dans le monde entier pour son style décontracté, son humilité et ses prêches anticonsuméristes, "Pépé Mujica, 79 ans, gagne lui les bancs du Sénat, fort d'une popularité de 60%.
Opposés sur la forme comme sur le fond, Tabaré Vázquez a admis dimanche que M. Mujica "est une figure très importante dans le contexte national et international".
Il laisse pourtant en héritage d'imposants dossiers non résolus, comme l'amélioration des infrastructures, de la santé ou de l'éducation.
José Mujica a en revanche obtenu plusieurs victoires sur le front sociétal, en adoptant des textes comme le mariage homosexuel, le droit à l'avortement et surtout, la légalisation de la production et de la vente du cannabis sous autorité de l'Etat.
L'avenir de cette loi emblématique de son mandat reste toutefois incertain, M. Vazquez, qui est farouchement antitabac, ayant publiquement exprimé ses réserves à l'idée de voir une drogue vendue en pharmacie, comme le prévoit le texte.
Fidèle à son style, M. Mujica était arrivé dimanche matin dans sa vieille Coccinelle bleu ciel au siège de la présidence à Montevideo, en costume mais sans cravate.
"Je suis heureuse parce qu'il y a 30 ans, la démocratie est revenue et qu'il y dix ans (avec l'arrivée à la présidence de la gauche, NDLR), le peuple est arrivé au pouvoir", a témoigné pour l'AFP Maria del Carmen Sosa, 51 ans, qui se dirigeait avec un immense drapeau uruguayen sur les épaules vers le place de l'Indépendance, où José Mujica a remis à son successeur l'écharpe présidentielle.
"Tabaré est plus structuré, et +Pépé+ plus simple, mais les deux ont constitué de bons gouvernements qui ont regardé vers le peuple, les plus pauvres, ceux qui ont besoin", a-t-elle ajouté.
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