Les joueurs du XV de France ont été secoués comme des adolescents refusant de grandir, dimanche par le manageur Philippe Saint-André, au lendemain d'une énième désillusion face au pays de Galles, qui signe la fin des ambitions dans le Tournoi et inquiète à 7 mois du Mondial.
LES JOUEURS DANS LE COLLIMATEUR
On avait rarement vu Philippe Saint-André comme ça. Agacé, montant progressivement dans les tours d'une voix grésillant d'une fréquence à l'autre pour admonester ses joueurs, coupables d'avoir manqué de conviction samedi face aux Gallois (20-13). Sans dire que le disjoncteur a fumé comme du temps de Bernard Laporte, ce coup de gueule bien senti valait le détour. Florilège.
"Ca fait trois ans que je les couve. Le maillot de l'équipe de France doit te sublimer, tu dois être un gladiateur. Le résultat, c'est que tu perds quatre fois d'affilée contre les Gallois. Si certains trouvent que le très haut niveau c'est trop dur, ils ont mon téléphone", a-t-il tempêté sans jamais citer de noms.
"Il y a des mecs qui ont commencé il y a trois ans, qui ont 30 ou 40 sélections maintenant, a-t-il poursuivi. Il faut arrêter de se cacher derrière les faux semblants. Ta carrière, tu la fais sur le terrain, et non pas dans les médias et en faisant des photos. On n'a pas besoin de starlettes. En rugby, c'est l'équipe la star et on a besoin de champions. Hier, des champions je n'en ai pas vu ou pas beaucoup."
"Je suis comme le public, j'ai envie de m'enflammer", a-t-il encore relevé en épinglant le rugby petit bras et prodigue de ses troupes ("On est les Pères Noël du rugby international"). "Pendant une demi-heure tu ne donnes rien pour que le public s'enflamme. Il faut être prêt à renverser des montagnes !"
On peut toutefois s'interroger sur la finalité de ces critiques. Avant de se présenter devant la presse, Saint-André a rassemblé les joueurs "pour une bonne réunion d'explication", où il y aurait eu les mêmes éclats de voix. Cela soudera-t-il le groupe contre son manager et l'incitera-t-il à enfin s'émanciper ? Et si c'était l'intention du manager qui n'a guère plus de ressorts à activer ?
EN BOUCLE, MAIS PLUS FORT
Comme ces trois dernières années, Saint-André a mis le doigt sur les limites du système français. Mais avec plus de véhémence encore. En filigrane, il faut comprendre que tant que le Top 14 essorera autant ses joueurs et fera autant de place aux talents étrangers, la sélection française n'aura aucune chance de bien figurer face aux autres nations.
"Je veux bien être le problème du rugby français mais il y en a d'autres", a ainsi lancé PSA, en évoquant les blessures successives qu'il a dû essuyer. "Et quand on me dit qu'il faut chercher d'autres joueurs, je réponds que les -20 ans l'année dernière ont fait le Grand Chelem, mais combien jouent dans le Top 14 ? Il n'y en a que trois, appuie-t-il. Il faut se poser les vraies questions. Si on attend qu'ils aient 25-26 ans pour jouer en Top 14, comment on va faire ?"
"A la Coupe du monde, on va pouvoir optimiser nos joueurs de 20-30 %, certains peut-être de 40%", positive-t-il en guise de conclusion. "Parce qu'on est quand même Français, on peut devenir champion du monde. Mais l'écart s'agrandit chaque année entre les Coupes du monde."
UN TOURNOI A JETER AUX OUBLIETTES
Le constat est cruel. Saint-André est le premier sélectionneur à ne pas remporter un Tournoi dans les années précédant une Coupe du monde. Quatrième en 2012 et 2014, dernier en 2013, le XV de France n'a plus grand-chose à attendre de cette édition qui lui réserve encore deux déplacements, en Italie (15 mars) et en Angleterre (21 mars).
Certains joueront leur place pour le Mondial lors de ces deux rencontres, a promis Saint-André. Dans l'immédiat, le manager va compter ses blessés, comme Morgan Parra (genou), Rémi Lamerat (cuisse) et Wesley Fofana (cuisse). "On va prendre des nouvelles de tout le monde, des joueurs qui ne sont pas là, des joueurs qui peuvent potentiellement revenir dans le groupe. On va attendre mercredi ou jeudi pour voir si d'autres rejouent en club et annoncer une liste de 30. Et on aura une semaine pour se préparer comme un commando", a détaillé Saint-André. A Rome, la partie sentira encore la peur puisque les Bleus n'y ont plus gagné depuis 2009. "Moi, je veux des mecs prêts à mourir sur le terrain, tout donner, en équipe", a simplement exhorté Saint-André. Message reçu ?
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