Le XV de France n'a pas réussi à vaincre ses inhibitions et s'est incliné au terme d'un match sans joie face au pays de Galles (20-13), samedi au Stade de France dans un Tournoi encore bien morose.
Certes, encore une fois, le XV de France n'échoue pas loin, comme le rabâche à l'envi le manager Philippe Saint-André. Mais à mesure que s'empilent les défaites et les déceptions, on finit par se demander dans quelle direction vogue ce bateau ivre et si, même, il a déjà quitté les docks en direction du Mondial anglais à l'automne.
Après une victoire arrachée la peur au ventre contre l'Ecosse (15-8) en ouverture, puis un rageant revers en Irlande (18-11) qui a encore souligné ses lacunes, le XV de France n'a plus aucune ambition dans ce Tournoi des six nations. Adieu les rêves de titre qui ne cessent de s'évaporer depuis le Grand Chelem 2010.
Plus inquiétant, il risque de se terminer avec au moins autant de doutes et d'interrogations que les précédents. Des questions lancinantes sur son identité, ses hommes, sa psychologie, ses carences techniques, la capacité de son encadrement à le sublimer.
Cette génération Saint-André, biberonnée aux incertitudes depuis le Tournoi-2012, aura donc été incapable de battre ne serait-ce qu'une fois en quatre ans les Irlandais comme les Gallois. Quels ressorts encore activer pour tout changer ?
Le déplacement en Italie le 15 mars, où les Bleus n'ont plus gagné depuis 2009, promet encore d'autres sueurs froides, sans parler du choc de clôture à Twickenham le 21 mars pour un "crunch" sous très haute tension.
Bref, l'horizon paraît bien sombre et plus que jamais la stratégie de l'encadrement des Bleus sera de tout miser sur le Mondial pour sauver un bilan médiocre. Mais cela ne sera que cosmétique.
Pour les Gallois, cette victoire offre un petit rayon de soleil après leur défaite dès la 1re journée face aux Anglais (21-16) au Millennium. Depuis, ils ont enchaîné un succès en Ecosse (26-23) puis en France qui nourrit un peu sa confiance.
Le tour d'honneur des Bleus effectué sous une bordée de sifflet samedi soir acte-t-il aussi la fracture avec le public ? En tout cas, il matérialise la frustration de voir cette équipe jouer petit bras, engoncé dans ses craintes et ne réagissant qu'une fois dos au mur et de manière bien éphémère.
- Passion défense -
Ainsi, les Bleus auront passé l'essentiel de leur temps à défendre, alors qu'on les avait fermement enjoint à "se lâcher", "se libérer", déployer de "l'enthousiasme". De tout cela, on n'aura pas vu grand-chose.
Cela fut presque grotesque en première période comme l'illustrent d'hallucinantes statistiques: 77% de possession pour les Gallois, 80% d'occupation et 86 passes quand les Bleus, eux, n'en avaient fait que 20 en 40 minutes !
S'il y a quelque chose que l'on ne peut pas enlever aux partenaires de Thierry Dusautoir, c'est cette vaillance en défense qui leur permet de se cramponner au score. Mais sans attaque, cela revient à jouer pour ne pas perdre, ou par le plus petit écart, et ce n'est pas tellement le but au final.
Cette muraille leur a ainsi permis de virer au contact à la pause, menés de seulement trois longueurs (6-3) après deux pénalités de l'arrière Leigh Halfpenny, contre une de l'ouvreur français Camille Lopez.
On retrouvait les Français transfigurés au retour des vestiaires. Du jeu, des passes, de l'avancée, de la continuité entre les avants et les arrières. Cela dura l'espace de huit minutes, le temps de recoller (6-6). Un feu de paille.
Car les Gallois reprirent ensuite la main, sur un essai de Dan Biggar magnifiquement amené par le demi de mêlée Rhys Webb, qui s'échappait au ras d'un ruck. Halfpenny creusait l'écart dans la foulée sur pénalité (17-6, 64)
Le couteau sous la gorge, les Français se décrispèrent quelque peu et marquèrent à leur tour un essai par Brice Dulin. Un peu d'espoir, vite douché par une nouvelle pénalité de Halfpenny et une fin de match cafouillée.
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