Une vidéo montrant des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en train de détruire des sculptures pré-islamiques en Irak a suscité l'indignation dans le monde et la crainte que d'autres trésors archéologiques ne soient détruits.
En Syrie, les jihadistes de l'EI ont subi une sévère défaite face aux combattants kurdes, qui se sont emparés de l'une de leurs places-fortes, et au moins 18 personnes ont été tuées dans deux localités rebelles près de Damas, selon une organisation non-gouvernementale.
A coups de marteaux-piqueurs, les extrémistes de l'EI ont détruit à Mossoul, dans le nord, deuxième ville d'Irak sous leur contrôle depuis juin 2014, des splendeurs archéologiques, dont un immense taureau ailé assyrien de la porte de Nergal.
A l'étranger, les comparaisons avec la destruction en 2001 par les talibans des bouddhas de Bamiyan en Afghanistan se sont multipliées.
Evoquant un "nettoyage culturel", la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) de se saisir de l'affaire.
"Cette attaque est bien plus qu'une tragédie culturelle () elle alimente le sectarisme, l'extrémisme violent et le conflit en Irak", avait déclaré Mme Bokova jeudi, appelant à une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU.
Le président français François Hollande a accusé les jihadistes de vouloir "détruire tout ce qui est humanité", et le musée parisien du Louvre a condamné des destructions "barbares".
- 'Favoriser l'idolâtrie' -
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a dénoncé "l'un des crimes les plus abominables commis en notre temps contre le patrimoine de l'Humanité".
L'instance représentant l'islam auprès des autorités égyptiennes, Dar al-Ifta, a elle aussi condamné les destructions.
L'EI, un groupe extrémiste sunnite, a profité de l'instabilité en Irak et de la guerre en Syrie pour s'emparer de vastes régions où il multiplie les atrocités.
Pour cette organisation, statues, tombeaux et représentations "favorisent l'idolâtrie" et méritent donc d'être détruits.
"Fidèles musulmans, ces sculptures derrière moi sont des idoles pour les peuples d'autrefois qui les adoraient au lieu d'adorer Dieu", déclare un jihadiste face à la caméra, dressant un parallèle avec la destruction par le prophète Mahomet des statues des idoles à la Mecque.
Si parmi les statues détruites figurent des répliques d'?uvres mises en sécurité depuis longtemps dans des musées occidentaux, certaines étaient uniques, dont le colossal taureau ailé assyrien.
- 'Capables de tout' -
"Je crains qu'ils ne prévoient plus de destructions", déclare Ihsan Fethi, un spécialiste du patrimoine irakien, basé en Jordanie. "Ils sont capables de tout, ils sont capables de dire que les temples de Hatra sont païens et de les faire sauter", dit-il, se référant à une ville située au sud de Mossoul et qui est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.
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