Enjouée et travailleuse, mais aussi immature et menteuse: les assises de l'Ain ont examiné vendredi la personnalité complexe d'Audrey Chabot, jugée pour avoir tué deux nouveaux-nés retrouvés dans son congélateur en 2013, après un premier infanticide en 2002.
"J'avais conscience d'être enceinte, mais comme personne n'avait rien remarqué, j'ai vécu comme s'il n'y avait rien", a avoué cette mince jeune femme, cheveux méchés au carré, qui est parvenue à dissimuler ses deux grossesses à son entourage en 2011 et 2012.
"Intimement convaincue" que son amant, qui lui faisait "peur" mais qu'elle "aimait", "ne voulait pas d'enfants", cette serveuse de brasserie avoue, sans parvenir à l'expliquer, avoir tué ses deux bébés en les noyant dans le bac à douche de son modeste logement à Ambérieu. Le premier, au bout de "trois à dix jours".
"J'ai eu peur, j'ai honte d'être enceinte, je ne sais pas pourquoi je ne lui ai pas dit", explique l'accusée souvent en larmes, qui encourt la réclusion à perpétuité.
Elle dira même à son fils de 13 ans, dont elle devait retrouver la garde après sa libération conditionnelle, que c'était le "bébé d'une amie". Mais elle le supprimera "pour ne pas lui mentir".
"A aucun moment, je pensais que les bébés seraient découverts", lâche celle qui les "touchait" et leur "parlait" dans le congélateur, car c'était "important" pour elle.
C'est son amant, partie civile, qui découvrira par hasard, le 24 mars 2013,les deux "paquets emballés" dans le congélateur et comprendra qu'elle a "recommencé". Même si Audrey lui affirme que "c'est du gigot".
'Je me suis fait manipuler'-
Cette fille de militaire venait en effet de purger huit ans de prison pour un premier infanticide en 2002 pour lequel les assises de l'Ain lui avaient infligé 15 ans de réclusion. Et 18 ans pour sa mère qu'elle avait chargée de se débarrasser du corps.
Elle avait été libérée à mi-peine en décembre 2010, les psychiatres estimant qu'elle "ne présentait pas de risques de récidive". Mais elle devait se soumettre à "un suivi psychologique", ce qu'elle n'a pas fait, à l'insu de tous, le jugeant "inutile" et "difficile".
A la barre, Marie-France Vepres, conseillère d'insertion, a reconnu qu'elle "s'était laissée embarquer" par sa "personnalité touchante".
"Malgré mon expérience, je me suis fait manipuler", dit-elle. "Elle m'a expliqué droit dans le yeux qu'elle avait rendez-vous avec la psychologue et je l'ai crue. Mais elle justifiait par ailleurs d'un emploi".
"On peut s'interroger sur l'efficacité de ces suivis si il n'y a pas une vigilance", relève alors le président Dominique Brejoux.
Auparavant, employeurs et collègues de l'accusée ont décrit unanimement une employée "très professionnelle", "bosseuse", "volontaire", "aimée des clients" et toujours de "bonne humeur". Même si l'un des employeurs a dû s'en séparer car elle "piquait dans la caisse".
Une facette de sa personnalité qui contraste avec sa vie privée. "Je pense que j'ai toujours eu une image négative de moi", dit l'accusée en larmes, reconnaissant "qu'elle n'arrive pas à demander de l'aide" et "a peur du conflit".
"J'ai toujours eu peur de décevoir, j'ai toujours besoin de faire plaisir en m'oubliant moi", assure-t-elle.
Elle dit aussi avoir reçu "une grosse claque" en découvrant dans le dossier d'instruction que son amant parfois "violent", axait leur relation "sur le sexe" et "par confort domestique".
Lui dira aux enquêteurs avoir perdu confiance en elle, lorsqu'elle lui a volé des chèques et voudra porter plainte contre elle. Il parle de 4.500 euros. Elle "au pire de 400".
Le verdict est attendu jeudi soir.
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