Les députés allemands ont levé vendredi le dernier blocage aux aides internationales qui doivent accorder un répit à la Grèce, en approuvant à une écrasante majorité une extension de quatre mois décidée mardi par les Européens.
"La Grèce a surmonté un obstacle difficile", s'est réjoui le Premier ministre grec Alexis Tsipras auprès de la chaîne Euronews, saluant dans le vote allemand un "acte politique de bon sens et de démocratie".
"Nous commençons à travailler dur pour changer la Grèce, dans une Europe qui change", a-t-il ajouté, alors que sa volonté de remise en cause du cap économique européen constitue justement une pomme de discorde avec Berlin.
Malgré les réserves allemandes sur la fiabilité du nouveau gouvernement grec, 541 élus du Bundestag ont dit oui à un prolongement du programme d'aides jusqu'au 30 juin 2015. L'ensemble des partis représentés à la chambre basse du Parlement allemand avaient appelé à soutenir le texte.
Néanmoins, 32 députés ont voté contre et 13 ont voté blanc, essentiellement issus des rangs conservateurs de la chancelière Angela Merkel. D'autres avaient dit ressentir "des maux de ventre" à l'idée de devoir soutenir la Grèce dont le gouvernement de gauche radicale défie la ligne de réformes et de rigueur budgétaire, aucunement négociable pour les Allemands.
Lors d'un vibrant plaidoyer pro-européen avant le vote, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble avait exhorté les députés à donner leur aval, tout en reconnaissant qu'il ne s'agissait "pas d'une décision facile".
"Je demande à chaque député de ne pas désapprouver (l'extension des aides) car nous causerions à notre peuple et à notre avenir de trop gros dégâts", avait-il souligné.
- Pas de chantage -
Les élus devaient dire s'ils approuvaient ou non l'extension de quatre mois d'un programme d'aides européen pour la Grèce adopté en 2012 et qui prévoit 140 milliards d'euros d'aides sous forme de prêts. Ce programme devait initialement arriver à expiration ce vendredi à minuit.
Le Bundestag était le seul Parlement en Europe appelé à se prononcer sur cet accord.
Face à des Allemands majoritairement hostiles, M. Schäuble a cherché à rassurer, insistant sur le fait qu'il ne s'agissait en aucun cas d'accorder de "nouveaux milliards à la Grèce" ou de modifier les termes du contrat passé avec un pays aux abois.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a d'ailleurs enjoint Athènes "à respecter ses obligations envers ses partenaires européens et le Fonds monétaire international", sur une radio allemande.
Cette extension avait été arrachée mardi à l'issue d'un intense bras de fer entre Berlin et Athènes, au cours duquel le ton est monté très haut, notamment entre M. Schäuble et son homologue grec, Yanis Varoufakis.
Le gouvernement d'Alexis Tsipras, élu fin janvier sur la promesse de porter un coup d'arrêt à la politique d'austérité défendue par l'Allemagne, s'était finalement engagé à poursuivre ses réformes et les mesures d'économie.
Mais M. Varoufakis, lui-même sous la pression de son opinion publique, a indiqué vendredi avoir délibérément présenté un programme de réformes flou pour s'assurer l'aval des parlements de la zone euro. Cette déclaration a été perçue comme une provocation à Berlin.
La nécessité urgente de s'entendre avec ses créanciers était d'autant plus grande pour Athènes que l'économie s'est contractée plus que prévu en fin d'année dernière, avec un recul du PIB de 0,4% au quatrième trimestre.
Wolfgang Schäuble a prévenu vendredi qu'Athènes devait désormais "se tenir aux mesures (de rigueur) nécessaires" et ce "sans aucune réserve".
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