Vainqueur par KO du Tour de France 2014, l'Italien Vincenzo Nibali pourrait-il être banni de la prochaine Grande Boucle? Son équipe, la formation kazakhe Astana, est menacée d'être privée de licence à la demande de l'Union cycliste internationale (UCI).
Trois cas de dopage au sein de l'équipe professionnelle depuis l'été, dont ceux visant les frères Valentin et Maxim Iglinskiy, et un audit sévère de la part de l'Institut des Sciences du sport de l'Université de Lausanne ont conduit l'UCI à demander le retrait de la licence professionnelle accordée sous réserves à l'équipe dirigée par le champion olympique 2012, l'ancien coureur kazakh Alexandre Vinokourov.
En cas de réponse positive de la commission des licences de l'UCI, Astana ne pourrait donc pas prendre part aux grandes épreuves cyclistes, et bien sûr à la première d'entre elles, la Grande Boucle.
Un Tour de France 2015 privé de son tenant du titre, "le requin de Messine", au départ à Utrecht, aux Pays-Bas, le 4 juillet ? Contador, Froome, mais pas Nibali ? Le scénario n'est pas totalement improbable. Mais le chemin sera long avant d'en arriver à cette extrémité.
Astana pourra en effet faire appel d'une (probable) sanction de la commission des licences devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne également.
Puis, dans le pire des scénarios pour Astana (retrait de licence confirmé par le TAS), Nibali et ses coéquipiers, dont l'Italien Fabio Aru (3e du Giro 2014), pourraient toujours changer d'équipe en cours de saison. Pour Nibali, auteur d'une reprise dans la discrétion au Tour de Dubaï (39e) et au Tour d'Oman (20e), le conditionnel est donc de rigueur en cette année 2015.
- Epée de Damoclès -
L'équipe kazakhe avait obtenu sa licence en décembre, mais avec une épée de Damoclès: cette attribution était en effet conditionnée aux résultats de l'audit demandé par l'UCI aux experts de l'Institut de Lausanne.
Et cet audit semble montrer que le cas Astana est grave: selon le communiqué de l'UCI vendredi, le contenu de ce rapport "sur la culture, la stratégie et les systèmes de management antidopage" de l'équipe kazakhe "justifie amplement" une demande de retrait de licence.
L'audit "révèle une grande différence entre les stratégies et les structures (qu'Astana) avait présentées à la commission des licences en décembre et la réalité sur le terrain", assène la Fédération internationale.
Placée "sous surveillance" par l'UCI depuis décembre, selon les propres termes de son président, Brian Cookson, Astana n'a donc pas convaincu de sa bonne foi face à cette avalanche de cas de dopage. Avec d'abord ceux des frères Iglinskiy, puis celui d'un stagiaire, Ilya Davidenok, lors du Tour de l'Avenir, et enfin ceux de deux coureurs de son équipe réserve (Astana continental, 3e division), laquelle a été suspendue dernièrement par la fédération kazakhe.
- L'ombre Ferrari -
L'UCI a également motivé sa décision par l'affaire dite de Padoue, cette enquête menée par la justice italienne autour du préparateur Michele Ferrari, suspendu à vie par l'Agence américaine antidopage (Usada) pour avoir aidé Lance Armstrong à se doper. Ces derniers mois, les médias italiens ont évoqué des contacts entre le sulfureux préparateur et des membres de l'équipe Astana, mais pas Nibali.
"Les autorités italiennes ont remis à l'UCI les parties du rapport de l'enquête de Padoue qu'elles étaient autorisées à lui divulguer", a annoncé l'UCI, qui attendait la transmission de ces éléments par la justice italienne pour se saisir de l'affaire. "Comme certains éléments concernent des membres d'Astana Pro Team, le dossier a été transmis à la commission des licences", a ajouté la Fédération internationale.
"Nous respectons cette décision, en attendant la procédure de la commission des licences indépendante", s'est borné à déclarer un porte-parole d'Astana, en annonçant la publication d'un communiqué de presse plus complet dans l'après-midi.
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