Les députés allemands devaient lever le dernier blocage aux aides internationales qui doivent accorder un répit à la Grèce en approuvant vendredi à une écrasante majorité l'extension de quatre mois décidée mardi par l'UE.
Malgré la ligne dure adoptée par Berlin, soutenu par le nord de l'Europe mais aussi par certains pays du sud confrontés à l'austérité, un feu vert du Bundestag ne faisait aucun doute: non seulement les partis de la coalition (conservateurs de la chancelière Angela Merkel et sociaux-démocrates) disposent de 80% des 631 sièges à la chambre basse du Parlement allemand, mais même l'opposition (Verts et extrême gauche) soutient le texte.
Seule une grosse vingtaine de députés conservateurs semblaient vouloir faire défaut à Mme Merkel, et dans l'opposition il pourrait y avoir quelques abstentions.
Les députés doivent se prononcer à l'issue d'un débat à partir de 9h00 locales (08h00 GMT) et après une intervention du ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui doit une nouvelle fois se prononcer pour cet allongement.
Les élus doivent dire s'ils approuvent ou non l'extension de quatre mois, au 30 juin 2015, d'un programme d'aides européen pour la Grèce adopté en 2012 par ses créanciers internationaux.
C'est a priori le seul Parlement en Europe qui doit se prononcer sur cet accord. In extremis, puisqu'il expire ce vendredi à minuit.
Non sans mal, cette extension a été arrachée mardi entre la Grèce et ses partenaires européens à l'issue d'un intense bras de fer entre Berlin et Athènes où le ton est monté très haut, notamment entre M. Schäuble et son homologue grec, Yanis Varoufakis, dont le style aux antipodes de son collègue allemand passe très mal.
En échange, le gouvernement d'Alexis Tsipras, élu fin janvier sur la promesse de porter un coup d'arrêt à la politique d'austérité défendue par l'Allemagne, s'est engagé à poursuivre ses réformes et les mesures d'économie.
Clin d'oeil du calendrier: ce vote allemand intervient trois ans, jour pour jour, après le feu vert de ces mêmes députés au plan d'aides qui prévoyait le versement de prêts de quelque 140 milliards d'euros à une Grèce aux abois.
- 'Encore beaucoup de travail' -
La chancelière, qui n'a jusqu'ici rencontré le Premier ministre grec Alexis Tsipras qu'une seule fois et brièvement à Bruxelles, a salué mercredi comme "un point de départ" l'accord conclu entre Athènes et ses partenaires européens, mais elle a prévenu qu'il restait "encore beaucoup de travail".
Vent debout pour défendre l'austérité budgétaire, l'Allemagne a pris la tête des pays de l'Union européenne favorables à une ligne dure vis-à-vis des Grecs.
Depuis le début des plans de sauvetage pour la Grèce en 2010, les Allemands n'ont jamais été chauds pour venir au secours d'un pays à genoux mais accusé d'avoir provoqué lui-même ses maux, en favorisant la corruption et le clientélisme.
Ainsi, seuls 21% des Allemands sont favorables à une extension du programme d'aides, selon un sondage publié mercredi.
Jeudi, le quotidien le plus lu d'Europe, Bild, à la ligne éditoriale très anti-grecque, proposait même à ses lecteurs de faire un selfie avec une pleine page du journal barrée d'un NEIN! à de nouveaux milliards pour "des Grecs avides". Il s'est toutefois fait tirer l'oreille par la puissante Fédération des journalistes allemands (DJV) qui a dénoncé une campagne politique.
D'autres pays du nord de l'Europe, comme les Pays-Bas, la Finlande ou les pays Baltes, ont également adopté un ton très dur vis-à-vis d'Athènes. Mais, plus nouveau, certains pays du sud réclament également que la Grèce se serre encore la ceinture.
Le Portugal, soumis à une cure drastique d'austérité en échange d'aides européennes qui lui ont permis de sortir la tête de l'eau, a insisté sur le respect des engagements pris par la Grèce.
L'Espagne, dont le gouvernement de droite affronte des élections déterminantes en fin d'année, s'est également montrée inflexible.
La Grèce s'inquiète quant à elle déjà de ses échéances financières alors que sa gigantesque dette s'annonce comme la prochaine pomme de discorde avec ses créanciers.
L'Allemagne refuse catégoriquement tout effacement, même partiel, de cette dette (plus de 175% du PIB).
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