Mohammed Emwazi, un informaticien londonien d'une vingtaine d'années, a été présenté jeudi par divers médias et experts comme étant le mystérieux "Jihadi John", bourreau masqué apparu dans des vidéos de décapitation d'otages par le groupe Etat Islamique (EI), et traqué depuis lors sans relâche.
La BBC, The Guardian, le Washington Post et le New York Times figurent parmi les premiers organes de presse à avoir rendu public le nom présumé de l'un des jihadistes les plus recherchés au monde.
Scotland Yard s'est refusé à tout commentaire, se retranchant derrière le secret de "l'enquête en cours" confiée aux services anti-terroristes avec le concours du MI5 et du MI6.
A Washington, une porte-parole du Conseil National de Sécurité, Bernadette Meehan, a fait preuve de la même réserve pour les mêmes motifs. Elle s'est contentée de réaffirmer que les Etats-Unis "faisaient tout leur possible pour traduire ces meurtriers en justice".
Il y a cinq mois, le directeur du FBI avait assuré "nous l'avons identifié".
"Ca y est, le nom est sorti", s'est exclamé jeudi sur Twitter Shiraz Maher, l'un des experts incontestés à Londres des mouvements jihadistes.
Le Centre d'études sur la radicalisation du King's College de Londres a pour sa part relevé que les quelque 700 combattants britanniques recensés en Syrie et Irak "participent pleinement à la guerre, opèrent comme kamikaze, preneurs d'otages et bourreaux".
-un Britannique né au Koweit-
Le sobriquet de "Jihadi John" fait référence à John Lennon. Il aurait été attribué au jeune Londonien par d'anciens otages occidentaux qu'il était chargé de surveiller, à la tête d'un petit groupe de combattants britanniques baptisé non sans dérision "les Beatles".
L'homme est devenu l'incarnation de la cruauté manifestée par l'EI, après son apparition sur des vidéos de propagande macabres, au côté d'otages américains, britanniques et japonais en combinaison orange, mais aussi de soldats syriens. Juste avant leur exécution.
Selon un scénario invariable, il était campé debout, un couteau à la main, proférant avec un accent anglais un chapelet de menaces. Promettant au président Barack Obama "d'importer le jihad aux Etats-Unis" ou traitant David Cameron de "marionnette".
Revêtu de noir de pied en cap, il ne laissait entrevoir que ses yeux à travers l'ouverture aménagée dans sa cagoule.
En plusieurs occasions, il est montré tranchant lui-même la tête d'un captif.
Les médias et experts avancent qu'il a 26 ou 27 ans, est né au Koweit, pays qu'il a quitté à l'âge de six ans, quand sa famille aisée est venue s'établir dans l'ouest de la capitale britannique.
Il a obtenu un diplôme d'informaticien à la Westminster University, et aurait rejoint la Syrie en 2012 ou 2013.
La BBC croit savoir qu'il a été repéré par les services de renseignements occidentaux à la faveur d'un déplacement en Tanzanie en 2009. Il était alors soupçonné de chercher à entrer en contact avec le groupe somalien des shebab.
Les informations sur son compte demeurent fragmentaires.
Cage, une organisation de défense des droits des musulmans basée à Londres, affirme qu'Emwazi s'est radicalisé en réaction au traitement que lui ont infligé les autorités britanniques.
Refoulé de Tanzanie, il aurait été interrogé à plusieurs reprises aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Le MI5 aurait vainement tenté de le recruter. Il aurait été "harcelé au point de perdre deux fiancées, son emploi et une nouvelle vie au Koweït", selon Cage.
Les médias britanniques ont d'abord cru qu'il était gallois, puis londonien et ancien DJ. Certains ont annoncé qu'il avait été blessé ou tué dans un bombardement américain.
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