Seulement 16% des maires sont des femmes, et 25% des sénateurs En l'absence de volonté politique, la marche vers la parité se fait "à pas de tortue" et les partis sont appelés à "se ressaisir" en vue des départementales de mars, et des régionales de décembre.
La présidente du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, Danielle Bousquet, ne se fait pas d'illusions: "En matière de parité, il n'y a rien de spontané, les choses ne se feront pas d'elles-mêmes, le temps ne suffira pas", a-t-elle déclaré jeudi, en présentant un rapport sur l'effet des lois de parité sur les élections de 2014.
Ainsi, seules les règles contraignantes entraînent "des progrès notables". Par exemple, aux dernières municipales, la règle de stricte alternance entre femme et homme sur les listes, qui s'appliquait déjà aux communes de plus de 3.500 habitants, a été étendue à celles de 1.000 habitants et plus. Résultat: toutes tailles de communes confondues, la part de femmes dans les conseils municipaux est passée de 34,9% en 2008 à 40,3% en 2014.
Encore faut-il que les obligations paritaires ne soient pas contournées: ainsi, le Sénat (où les règles paritaires s'appliquent à près de trois quarts des sièges) ne compte que 25% de femmes depuis les élections de 2014 (+3 points par rapport à 2011).
Le Haut conseil explique cette "avancée timide" par le fait que des sénateurs ont préféré conduire une liste dissidente et ainsi, être tête de liste et avoir plus de chances d'être élu, plutôt que d'être placés en troisième position, derrière une femme. Une fois élus, ils se sont rattachés à leur parti d'origine.
En outre, "le partage des places s'arrête là où le pouvoir commence": les têtes de listes étant majoritairement des hommes, les mairies et intercommunalités restent dirigées respectivement à 84% et 92% par des hommes. Et les attributions jugées les plus "prestigieuses" sont massivement confiées à des hommes, les femmes héritant le plus souvent des moins convoitées.
- 'Schizophrénie démocratique' -
Pour les élections départementales des 22 et 29 mars, et régionales de décembre, l'enjeu en termes de parité va porter sur les têtes de l'exécutif et la répartition des postes de responsabilité, a souligné Mme Bousquet.
L'élection de ces assemblées est en effet soumise aux règles de parité (binôme femme-homme aux départementales, alternance homme/femme aux régionales).
Mais "si les partis politiques ne s'organisent pas de manière plus volontariste () nous aboutirons à une forme de schizophrénie démocratique", a prévenu la présidente du Haut conseil: des assemblées à peu près paritaires, mais toujours dirigées par un président et un vice-président.
Elle a souligné qu'aujourd'hui, seulement "6 conseils généraux sur 101", et "une région sur 22", sont présidées par des femmes.
La réforme va ramener le nombre total de régions métropolitaines à 13. Sur les têtes de listes déjà désignées, il y a "à l'UMP une femme sur six", et au Parti socialiste "une femme sur neuf", a-t-elle souligné.
Dans son rapport, le Haut conseil fait 12 recommandations visant à "harmoniser vers le haut" les dispositifs favorisant la parité.
Certaines de ces recommandations visent à éviter les "contournements" des règles de parité, a expliqué Réjane Sénac, chargée de recherche à Sciences Po. La loi d'août 2014 comporte des dispositions rendant impossible le rattachement à leur parti d'origine de candidats aux législatives élus sur des listes dissidentes. "Pourquoi est-ce que les sénateurs ne sont pas soumis à cette interdiction de rattachement?".
Dans les conseils communautaires, les personnes qui démissionnent doivent être remplacées par une personne de même sexe. "Pourquoi n'aurait-on pas cette disposition pour les autres élections?".
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