Deux jours après un accord avec les Européens, la Grèce s?inquiétait jeudi de ses échéances financières, et sa gigantesque dette s'annonçait comme prochaine pomme de discorde avec les Européens, et surtout l'Allemagne, qui refusent pour l'heure tout effacement.
"On n'aura pas de problème en ce qui concerne les liquidités de l'Etat (?) mais on aura des problèmes pour rembourser les tranches du FMI maintenant et de la BCE en juillet", a reconnu mercredi soir à la radio le grand argentier grec Yanis Varoufakis, au lendemain du feu vert de la zone euro à l'extension du programme international d'aide au pays en échange de promesses de réformes.
La Grèce croule sous 320 milliards d'euros de dette, pas loin de deux fois son Produit intérieur brut (PIB), détenue en majorité par les créanciers internationaux (zone euro, FMI, BCE).
Sur l'ensemble de 2015, le pays a 19 milliards d'euros à rembourser. Notamment, 1,6 milliard d'euros de crédits du FMI arrivent à échéance en mars, puis de gros remboursements d'obligations seront dus à la BCE à l'été (6,7 milliards d'euros en juillet-août).
"Le gouvernement grec va faire tout ce qu'il faut pour parer aux problèmes de liquidités", a expliqué jeudi le porte-parole Gabriel Sakellaridis, "nous discutons des mesures législatives pour faciliter l'afflux de l'argent à l'Etat () mais cela est aussi un sujet qui concerne nos partenaires".
- "stupéfaction" de Schäuble -
Ceux-ci n'ont pas prévu de verser d'argent à Athènes avant avril, date à laquelle ils veulent juger des avancées grecques sur les réformes promises. Et les marges de manoeuvre du gouvernement pour lever des fonds sous forme d'obligations à court terme sont limitées, puisque le programme d'aide plafonne leur montant.
Le fond du problème, pour Athènes, reste le poids de la dette, et les Européens ont refusé pour le moment de discuter d'un allègement.
Pourtant "on n'a plus de front uni contre la Grèce sur la discussion de la dette", a estimé mercredi à la radio M. Varoufakis, appelant à "commencer immédiatement" les discussions sur ce point avec les créanciers.
Une discussion que l'Allemagne refuse pour le moment catégoriquement. Wolfgang Schäuble a exprimé sa "stupéfaction" après les propos de M. Varoufakis à ce sujet, ont rapporté jeudi à l'AFP des participants à une réunion du ministre allemand des Finances avec des députés conservateurs la veille.
Parler de restructuration de la dette ou de décote à ce stade est "déplacé et incompréhensible", avait asséné mercredi le porte-parole du ministre.
Le message brouillé envoyé par la Grèce sur les privatisations - elle s'engage à les poursuivre en suivant les règles, mais veut les "réexaminer" - irritait aussi en Allemagne.
- les banques respirent -
Pour soulager les besoins pressants de liquidités, le gouvernement peut compter sur les banques du pays, qui achètent les obligations à court terme qu'il émet, et dont la situation financière semble s'éclaircir.
Il y a eu "un afflux vers le secteur bancaire grec", qui a vu revenir 700 millions d'euros de dépôts mardi, a déclaré M. Varoufakis sur Bloomberg Television. Et selon une source bancaire grecque, plus de 150 millions d'euros ont été déposés le lendemain.
"Une fois que le vent a tourné, l'espoir revient", a analysé M. Varoufakis.
Quelque 20 milliards d'euros avaient été retirés des banques depuis décembre, selon un chiffre qui circule en Grèce, sur fond de face-à-face avec les Européens et de hantise du "Grexit", la sortie du pays de l'euro.
Le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, a aussi diffusé jeudi un message d'espoir, estimant que les problèmes auxquels le pays devait s'attaquer étaient "relativement peu nombreux" comparé aux efforts fournis depuis 2010.
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