Les séparatistes prorusses ont tenté de jouer l'apaisement mercredi alors que la pression occidentale s'est encore accrue sur la Russie, accusée par les Etats-Unis de "mentir droit dans les yeux" sur son rôle en Ukraine.
Sur le terrain, l'armée ukrainienne a fait état d'une "baisse considérable" de tirs rebelles tout en soulignant qu'on ne pouvait pas encore parler d'une "vraie trêve", telle que prévue par les accords de Minsk 2 signés le 12 février.
Les rebelles ont de leur côté amené un groupe de journalistes à Obilné, à une vingtaine de kilomètres au sud de Donetsk pour leur montrer ce qu'ils ont présenté comme un "retrait d'armes lourdes".
Les journalistes ont vu une colonne de 14 canons mobiles de 122 mm et de plusieurs camions se déplacer sur la route, en provenance de l'ouest, où se situe la ligne de front, en direction de la ville de Starobecheve au sud.
"Nous appliquons les accords de Minsk" signés avec la médiation du président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel et qui prévoient le retrait des armes lourdes permettant la création d'une zone tampon élargie autour de la ligne de front, a déclaré à l'AFP Nikolaï, un commandant rebelle.
Cette zone doit passer de 30 kilomètres actuellement à 50 à 140 kilomètres en fonction du type d'armes, selon les accords de Minsk.
"Hier, on a retiré des lanceurs de roquettes Grad et avant-hier des chars", a-t-il affirmé. Il a refusé d'indiquer où ces armes étaient positionnées et où elle allaient être entreposées, en faisant prévaloir "le secret militaire".
La mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur place a pour sa part souligné qu'elle ne pouvait confirmer aucun retrait avant de recevoir des informations des belligérants sur l'endroit où ces armes vont être entreposées.
La mission "a déjà observé des mouvements d'armes lourdes depuis cinq mois" mais ce type de mouvements ne permet pas en soi de "se rendre compte d'un retrait effectif d'armes lourdes", a souligné l'OSCE dans un communiqué mardi soir.
L'armée ukrainienne dit attendre l'arrêt total des tirs de la part des rebelles prorusses avant de procéder au retrait des armes lourdes, qui devait commencer dès dimanche.
- Menaces de nouvelles sanctions -
La pression est montée d'un cran sur la Russie accusée par Kiev et les Occidentaux d'armer les rebelles prorusses de l'Est et d'y avoir déployé des troupes régulières. Moscou dément toute implication dans ce conflit qui a fait 5.800 morts depuis dix mois.
La Russie "mène le plus manifeste et le plus important exercice de propagande depuis le plus fort de la Guerre froide", a jugé le secrétaire d'Etat américain John Kerry devant une commission du Sénat, affirmant que les dirigeants russes "mentaient droit dans les yeux à propos de ce qu'ils font là-bas" en Ukraine.
Quant au Premier ministre britannique David Cameron, il a évoqué l'idée d'exclure la Russie du système de paiement interbancaire Swift si Moscou continuait à "démanteler" l'Ukraine. Il a d'autre part annoncé l'envoi d'instructeurs militaires pour conseiller et entraîner les troupes ukrainiennes.
Pour le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, la question de nouvelles sanctions contre la Russie "serait reposée au niveau européen" en cas d'attaque des séparatistes prorusses contre le port stratégique ukrainien de Marioupol, dernière grande ville de l'Est rebelle sous contrôle de Kiev.
Depuis l'entrée en vigueur du dernier cessez-le-feu, les rebelles ont repris la ville stratégique de Debaltseve à mi-chemin entre les capitales rebelles de Donetsk et Lougansk.
L'Ukraine a exprimé sa déception à l'issue d'une réunion mardi à Paris des ministres des Affaires étrangères russe, français, allemand et ukrainien au cours de laquelle la prise de Debaltseve le 18 février n'a pas été condamnée.
Aux termes des accords de Minsk conclus à l'issue d'un marathon diplomatique impliquant Vladimir Poutine, François Hollande, Angela Merkel et le président ukrainien Petro Porochenko, un nouveau cessez-le-feu a été instauré le 15 février, mais il a été battu en brèche à plusieurs reprises.
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