Des chefs tribaux et des miliciens chiites Houthis ont été sollicités pour obtenir la libération d'une Française et d'une Yéménite enlevées mardi à Sanaa, mais l'absence d'autorités légitimes dans la capitale et le départ des diplomates occidentaux compliquent les recherches.
L'identité des ravisseurs de la Française Isabelle Prime, 30 ans, et de son interprète yéménite Chérine Makkaoui n'est pas connue et le rapt n'a pas été revendiqué.
La famille de la Yéménite a indiqué mercredi avoir sollicité l'intervention de chefs tribaux, du ministère de l'Intérieur et de miliciens Houthis pour obtenir la libération des deux femmes.
"Nous avons contacté différents chefs tribaux (dans la capitale) Sanaa, dans les provinces de Jawf (nord) et de Marib (centre) pour nous assurer de leur collaboration en vue de la libération des deux femmes", a déclaré à l'AFP Yassine Makkaoui, oncle de la Yéménite.
"Nous avons également contacté, dans le même but, le ministère de l'Intérieur et les Houthis", ces miliciens chiites qui contrôlent en grande partie Sanaa depuis septembre, a-t-il ajouté.
M. Makkaoui a rejeté sur les Houthis la responsabilité de l'enlèvement, sans les accuser explicitement d'en être les auteurs.
"L'enlèvement s'est passé en plein jour dans le centre de Sanaa où les Houthis sont responsables du maintien de l'ordre", a-t-il dit. "Ils contrôlent à la fois les ministères de la Défense et de l'Intérieur et nous les rendons responsables" du sort des deux femmes, a-t-il ajouté.
Cependant, dans la confusion qui règne à Sanaa, rien n'indique de manière évidente que des Houthis ont été directement impliqués dans ce rapt.
Dans le passé, de nombreux auteurs d'enlèvement ont utilisé des uniformes de la police ou de l'armée et des véhicules officiels pour des enlèvements, sans appartenir ni à la police ni à l'armée.
- Rapts assez fréquents -
Les enlèvements d'étrangers au Yémen ont souvent été le fait de tribus qui les utilisent pour faire pression sur les autorités afin d'obtenir des services, des infrastructures ou simplement la libération d'un de leurs membres.
Mais ces dernières années, des otages ont été revendus à Al-Qaïda et certains ont trouvé la mort.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a réitéré mercredi l'appel aux ressortissants français à quitter le Yémen. "C'est un pays extrêmement dangereux", a-t-il déclaré, ajoutant que "tous les services sont mobilisés pour obtenir" la libération d'Isabelle Prime.
Mais la France n'a plus de diplomates au Yémen depuis qu'elle a fermé début février, comme d'autres pays occidentaux, son ambassade à Sanaa.
Le pays est en outre au bord de l'effondrement. Les Houthis, qui contrôlent la capitale, ont affirmé dans la nuit avoir lancé une procédure judiciaire contre le président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Aden (sud).
Ce dernier, qui a réussi à leur échapper samedi à Sanaa, rejette leur coup de force et affirme être le chef d'Etat légitime du pays.
Dès l'annonce de l'enlèvement, le président français François Hollande a réclamé "la libération dans les meilleurs délais" d'Isabelle Prime.
L'employeur de la Française, Francisco Ayala, président de Ayala Consulting, basée dans la banlieue de Miami (sud-est des Etats-Unis) et en Equateur, a indiqué qu'"Isabelle était la dernière" des expatriés de sa société encore au Yémen et qu'elle "devait partir dans quelques jours".
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