Les ministres des Finances de la zone euro ont avalisé mardi le projet de réformes présenté par Athènes, ouvrant ainsi la voie à la prolongation jusqu'à l'été du programme de financement du pays, pour le sauver de l'asphyxie financière.
Cet accord de principe de l'Eurogoupe a été annoncé sur Twitter par le vice-président de la Commission européenne en charge de l'Euro, Valdis Dombrovskis.
"Après une téléconférence de l'Eurogroupe" pour examiner la liste des réformes présentée par Athènes, "les procédures nationales pour l'extension du programme grec peuvent commencer", a écrit M. Dombrovskis, faisant notamment référence au feu vert nécessaire du Parlement allemand.
Les consultations des ministres ont duré à peine plus d'une heure, après un premier aval donné dans la matinée par les institutions créancières (UE, BCE et FMI), l'ex-troïka à la feuille de route soumise par Athènes.
La rédaction de la liste grecque s'est faite en étroite concertation entre le nouveau gouvernement grec de gauche radicale et les créanciers du pays, donnant lieu à des "échanges constructifs" durant tout le week-end, selon M. Dombrovskis.
Athènes a mis ainsi beaucoup d'eau dans son vin, en s'engageant notamment à renoncer à annuler les privatisations déja réalisées.
Sur le relèvement du salaire minimum, autre promesse électorale emblématique de Syriza, la Grèce ne confirme ni le calendrier (2016), ni le montant (751 euros) envisagé jusqu'alors, et renvoie à une consultation avec les partenaires sociaux et les institutions européennes et internationales.
Pour faire face à la "crise humanitaire" traversée par le pays, le gouvernement grec évoque des mesures "très ciblées" visant à améliorer la couverture sociale, l'approvisionnement en énergie et l'accès à la nourriture au logement des plus pauvres.
Le gros des réformes doit porter sur la lutte contre la fraude et évasion fiscale, un chantier toujours repoussé par les précédents gouvernements, et la modernisation de l'appareil d'Etat, sans toutefois d'évaluation chiffrée.
- Une crise a été "évitée" -
La présentation de cette liste était la première des conditions fixée par la zone euro à la prolongation de quatre mois de l'assistance financière au pays, expirant samedi.
Athènes s'était résignée à demander cette extension vendredi dernier, après plusieurs réunions extrêmement houleuses avec ses partenaires de la zone euro, qui avaient ravivé les craintes d'une sortie du pays de la zone euro, le "Grexit".
Mais pas question pour les créanciers de la Grèce de lui accorder un blanc-seing, alors que le pays a jusqu'à fin avril pour finaliser sa feuille de route en accord avec eux. Ce n'est qu'à cette condition que pourra reprendre l'assistance financière au pays, gelée depuis cet été, avec le versement de plus de 3,5 milliards d'euros côté européen.
La directrice générale du FMI Christine Lagarde a jugé qu'Athènes devait fournir des assurances plus claires sur la poursuite du programme de réformes par les autorités grecques, dans une lettre adressée à Jeroen Dijsselbloem.
"L'accord de l'Eurogroupe ne veut pas dire approbation des réformes" telles que présentées par Athènes, a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
"Nous avons approuvé l'approche () nous avons évité une crise mais beaucoup de défis demeurent", a-t-il ajouté lors d'une rencontre avec des journalistes.
Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel s'est lui dit "prudemment optimiste" sur un règlement à terme du casse-tête grec. ""Nous voulons que la Grèce reste dans la zone euro. Nous voulons poursuivre l'aide à la Grèce, mais la condition pour cela est la poursuite du programme de réformes", a-t-il martelé.
"Le gouvernement grec est très sérieux dans sa volonté de réformes" mais "il s'agit juste d'un premier pas", a souligné pour sa part le président de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem.
Les créanciers d'Athènes - qui lui ont consenti depuis 2010 quelque 240 milliards d'euros de prêts -- exigent que ce programme ne remette pas en cause la stabilité des finances publiques et ne détricote pas les réformes engagées par les précédents gouvernements.
Pour le Premier ministre grec Alexis Tsipras, l'exercice d'équilibrisme tend du coup à la haute voltige. "Nous ne devons pas nous ruer dans le piège de l'adversaire, il faut opérer des manoeuvres de contournement", s'est-il justifié mardi, avant un conseil des ministres pour étudier avec son gouvernement la mise en oeuvre des mesures prônées.
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