Le président François Hollande a annoncé un renforcement de l'arsenal répressif contre "tout propos de haine" raciste ou antisémite lors du 30e dîner annuel du Crif, boycotté par les représentants musulmans du CFCM, choqués par des propos de son président Roger Cukierman.
"Il n'y a pas d?antisémitisme ordinaire", a déclaré M. Hollande parlant d'une "lèpre" qui est "toujours là 70 ans après la Shoah" et que "la France combattra sans faiblesse".
Manuel Valls présentera "dans les prochains jours" un plan "aussi complet que concret", a précisé le président.
Des "sanctions plus rapides et plus efficaces" vont être prises: M. Hollande "a souhaité" que "tout propos de haine, raciste, antisémite ou homophobe ne relève plus du droit de la presse mais du droit pénal".
De plus, sera renforcé le caractère aggravant de la connotation antisémite d'un délit.
"Nous allons renforcer les outils du droit" contre les personnes tentées par le jihadisme, a dit M. Hollande, annonçant la présentation en conseil des ministres le 18 mars prochain d'un projet de loi sur le renseignement. M. Hollande a insisté, "pour être efficace", sur la dimension européenne de la lutte contre le terrorisme et s'est félicité de l'application "d'ici la fin de l'année" du PNR, la communication des données des passagers aériens.
Dans le prolongement du voyage de Bernard Cazeneuve aux Etats-Unis, où il a convié en France les géants d'internet en avril, M. Hollande a placé ces majors devant leurs responsabilités: "Si vraiment les grands groupes d'internet ne veulent pas être complices du mal, ils doivent participer à la régulation".
Lors de leur venue en avril, "nous fixerons un cahier des charges clair et précis avec ces géants d'internet et je vous assure que nous contrôlerons son application". De plus, les moyens de la plate-forme Pharos de signalement de contenus illicites seront renforcés.
- Rétablir le contact -
La soirée a été ternie par l'absence du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de son président Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris, qui n'avait jamais fait faux-bond à ce rendez-vous ?cuménique religieux et politique.
Le président du Crif Roger Cukierman a provoqué lundi la polémique avec des propos équivoques sur Marine Le Pen et stigmatisants sur les "jeunes musulmans" à quelques heures du dîner de son organisation.
Au cocktail apéritif, de très nombreux responsables politiques de droite et de gauche regrettaient cette poussée de fièvre. "C'est très embêtant () Là il fait la totale, l'ami Cukierman", a lâché Jean-Paul Huchon, président PS de l'Ile-de-France. Jean-Vincent Placé (EELV) a lui regretté que ce dîner n'ait pas été un "temps d'unité nationale maximale". "Les jeunes musulmans se sentent déjà montrés du doigt. Ce n'est pas la peine d'en rajouter", a déclaré Latifa Ibn Ziaten, mère d'Imad tué par Mohamed Merah.
Lors de son arrivée, l'ancien président Nicolas Sarkozy a confié à Serge et Arno Klarsfeld, qui avaient condamné les premiers les propos de Cukierman sur Marine Le Pen: "Heureusement qu'il y a des gens dans la communauté (juive) qui tiennent des propos sensés". Quelques minutes plus tard, il a eu un vif échange avec le numéro 2 du Crif, Francis Khalifa.
Roger Cukierman a tenté de faire retomber la pression en exprimant, en introduction de son discours, son "vif regret" de l'absence du CFCM. "Juifs et musulmans, nous sommes sur le même bateau, j'espère que le contact sera rapidement rétabli", a déclaré M. Cukierman, rappelant son amitié "ancienne et sincère" avec M. Boubakeur.
Il a réitéré sa mise au point sur la présidente du Front national, qui n'est "ni fréquentable ni irréprochable" tant qu'elle ne se désolidarisera pas des propos de son père. "Nous continuerons à ne pas inviter Mme Le Pen au dîner du Crif et à ne pas conseiller de voter pour le Front national".
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