Sans surprise pour une opération de cette taille, la Commission européenne a décidé lundi d'ouvrir une enquête approfondie sur la vente du pôle énergie d'Alstom à l'américain General Electric, pointant une possible réduction de la concurrence dans les turbines à gaz de haute puissance.
La Commission de Bruxelles, gardienne de la concurrence en Europe, craint que cette opération à 12,35 milliards d'euros pose "des problèmes de concurrence" sur un segment particulier, celui des turbines à gaz de haute puissance, principalement utilisées dans les centrales à gaz, a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Aujourd'hui, seuls quatre fabricants de turbines se partagent ce marché: GE, Alstom, l'allemand Siemens et le japonais Mitsubishi Hitachi Power Systems (MHPS).
L'opération, telle qu'elle est envisagée aujourd'hui, réduirait donc la concurrence à trois acteurs, le nouvel ensemble GE-Alstom représentant environ 50% du marché à la fois en Europe et dans le monde, à l'exception de la Chine, relève l'exécutif européen.
En revanche, la Commission ne voit pas à ce stade de problèmes "pour ce qui est des équipements de production d?énergie destinés aux centrales à charbon et aux centrales nucléaires, éoliennes et hydroélectriques, ni pour les équipements de transport d?électricité".
A l'annonce de cette décision, Alstom a affirmé qu'il "collaborera pleinement avec la commission européenne à l'examen du projet".
Le groupe réaffirme sa volonté de viser "toujours un +closing+ (une finalisation de l'opération) pour mi-2015".
Dans un commentaire écrit envoyé à l'AFP, General Electric a fait valoir que "le marché européen des turbines à gaz est à la fois global et hautement compétitif".
"Nous ne partageons pas les préoccupations préliminaires soulevées aujourd'hui (lundi) par la Commission Européenne", a argumenté le géant américain qui réaffirme son objectif d'"obtention des accords réglementaires nécessaires et une finalisation de l'opération à la mi-2015".
L'ouverture d'une enquête approfondie ne préjuge pas de l'issue de la procédure.
La Commission, qui coopère sur ce dossier avec le ministère de la Justice américain, a désormais jusqu'au 8 juillet pour arrêter une décision.
"Il faudra faire des concessions pour satisfaire les autorités européennes mais le +deal+ en lui même n'est pas du tout remis en question", estime Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.
Selon lui, "les deux groupes avaient déjà conscience" du problème que pouvait poser cette activité, qui "pourrait être cédée" pour rassurer Bruxelles.
- Opération record pour GE -
L'opération, la plus importante dans l'histoire de General Electric, est au coeur de la stratégie de recentrage du groupe américain sur ses racines industrielles, après des années de résultats records alimentés par ses activités financières.
Le projet d'alliance, scellé le 21 juin, prévoit que l'américain rachète l'essentiel des activités énergétiques du fabricant du TGV, notamment sa branche "Energies thermiques" qui inclut les turbines à gaz.
L'équipementier français créera aussi avec GE trois coentreprises détenues à parité dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et les turbines à vapeur.
L'accord prévoit aussi que l'Etat puisse disposer d'une action préférentielle dans cette troisième coentreprise, lui accordant des droits de veto et de gouvernance spécifique pour tout ce qui touche aux centrales nucléaires en France.
Il prévoit enfin que l'Etat devienne l'actionnaire principal d'Alstom: il s'est donné 20 mois à partir de la clôture des opérations pour en acquérir jusqu'à 20% du capital sur le marché ou auprès de Bouygues, qui détient actuellement une part de 29,4%.
Dans le même temps, Alstom prévoit de racheter à GE son activité de signalisation ferroviaire pour renforcer sa branche transports sur laquelle le groupe va se recentrer, le jugeant plus porteur.
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