Des propos tranchés du président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Roger Cukierman sur Marine Le Pen et sur les jeunes musulmans ont soulevé une vague de critiques lundi, à quelques heures du 30e dîner annuel du Crif.
Le Conseil français du Culte musulman (CFCM) a indiqué qu'il ne se rendrait pas à ce dîner lundi soir, en raison de déclarations "irresponsables" de M. Cukierman sur les jeunes musulmans.
"Considérer que +toutes les violences aujourd'hui sont commises par des jeunes musulmans+ et son approbation de l'expression +islamo-fascisme+ sont des déclarations irresponsables et inadmissibles qui contreviennent au principe même du vivre ensemble", a estimé dans un communiqué le bureau exécutif du CFCM.
"Le CFCM ne peut accepter que la composante musulmane de France soit aujourd'hui l'objet d'attaques aussi graves qu'infondées" et "compte-tenu des déclarations du président du Crif, le CFCM juge inopportun de participer au dîner du Crif ce soir", ajoute le communiqué, signé du président du CFCM Dalil Boubakeur.
Dans une interview à Europe 1 lundi matin, Roger Cukierman avait affirmé que "le FN est un parti pour lequel (il ne voterait) jamais, mais c'est un parti qui aujourd'hui ne commet pas de violences".
"Toutes les violences, et il faut dire les choses, toutes les violences aujourd'hui sont commises par des jeunes musulmans, et bien sûr c'est une tout petite minorité de la communauté musulmane et les musulmans en sont les premières victimes", avait-il ajouté.
A la question de savoir s'il était "choqué" par le terme "islamo-fascisme" employé par le Premier ministre Manuel Valls, M. Cukierman a répondu: "Non, pas du tout, cela correspond assez bien à la réalité".
M. Cukierman a aussi été vivement critiqué pour avoir jugé sur Europe 1 la présidente du Front national Marine Le Pen "irréprochable personnellement".
Il a ensuite précisé ses propos, pour "lever toute ambiguïté sur la position du Crif vis-à-vis du Front national". "Pour Roger Cukierman, si Marine Le Pen est irréprochable juridiquement, elle ne s'est jamais désolidarisée des multiples propos antisémites de son père Jean-Marie Le Pen, plusieurs fois condamnés en justice, et continue d'accueillir au sein du Front National des auteurs de propos racistes et antisémites de toutes sortes", a indiqué le Crif dans un communiqué.
"Le Crif a toujours considéré et continue à considérer le Front National comme un parti infréquentable et appelle à faire barrage, à tout niveau, à la montée de ce parti".
La distinction entre Mme Le Pen et son parti a fait bondir Serge Klarsfeld: "Mme Le Pen n'a pas rompu avec son père. Elle dirige le Front national qui porte le passif des prises de position antisémites du père qui est président d'honneur du Front national", a réagi auprès de l'AFP l'avocat et historien, fils d'un déporté à Auschwitz-Birkenau.
Le collectif JCall, qui rassemble des juifs européens signataires d'un appel à une solution à deux États au Proche-Orient, a également regretté une affirmation "extrêmement malheureuse et dangereuse".
Mme Le Pen "ne peut donc en aucun cas faire l?objet de commentaires si ambigus et complaisants de la part d?un responsable des institutions juives", a ajouté le collectif dans un communiqué.
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