Le premier des avocats de la défense à plaider lundi au procès Bettencourt a appelé le Tribunal correctionnel à ne pas se laisser impressionner par "la démesure de l'argent" qui a marqué ce procès "extraordinaire", ni à succomber à l'image de "victime" présentée de la milliardaire Liliane Bettencourt.
"Le hasard a fait que pendant un mois on a eu à Lille (ndlr: au procès Carlton, avec Dominique Strauss-Kahn, ancien Directeur général du Fonds monétaire international, au banc des prévenus) la démesure du sexe et ici la démesure de l'argent", a lancé au Tribunal correctionnel de Bordeaux Me Benoît Chabert, avocat du notaire Patrice Bonduelle, l'un des dix prévenus, en ouvrant trois jours consacrés aux plaidoiries de la défense, dans la dernière ligne droite de ce procès hors normes.
Me Chabert s'est emporté contre "l'image de victime", de "faible femme" de la milliardaire héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal, une image selon lui "hurlée au tribunal et à la France" par les avocats de la partie civile. Il a demandé aux juges de ne pas être "pris en otages", même s'il n'a pas nié qu'"il y ait eu l'existence d'un état" médical de faiblesse. Mais "est-ce que le droit est fondé sur les larmes, la souffrance?", a-t-il demandé.
L'avocat a aussi remis en perspective les dons et libéralités prodiguées au fil des ans par Liliane Bettencourt; sommes vertigineuses évoquées depuis quatre semaines au procès, mais sommes fort relatives pour la femme la plus riche de France, une femme dont le budget annuel de vacances, a-t-il rappelé, est de 2,632 millions d'euros, les frais pour 15 jours de vacances au Cap Ferrat de 334.000 euros, ou les dividences annuels tirés de L'Oréal quelque 360 millions d'euros.
"Quand Liliane Bettencourt lègue 10 millions d'euros, ce sont 10 jours de ses revenus. Dix jours", a-t-il relevé, insistant sur cette "démesure de l'argent" dans ce dossier "totalement extraordinaire" et le risque que cela influence le jugement.
"Quand le procès est extraordinaire, la rigueur doit être exceptionnelle. C'est la seule façon de s'en sortir", a souligné Me Chabert, en reprenant une série d'échanges, de courriels notamment, de son client, démontrant "qu'il ne peut pas avoir eu l'idée qu'on est en train de commettre une infraction" fin 2010, alors qu'un protocole d'accord mère-fille est imminent, un mandat de protection en train d'être rédigé.
Patrice Bonduelle, 52 ans, un notaire de Liliane Bettencourt, est poursuivi pour "complicité d'abus de faiblesse" fin 2010 et 2011, notamment au moment de la préparation d'un mandat de protection future, d'un investissement, d'un don testamentaire. Le ministère public a requis vendredi la relaxe le concernant, faute de charges suffisantes.
"Il n'y a pas d'élément matériel, ni d'élément moral de l'infraction reprochée à Patrice Bonduelle", a conclu Me Chabert, en adressant plusieurs traits à la fille de Liliane, Françoise Bettencourt-Meyers, dont la plainte en 2007 est à l'origine de l'affaire: "Si Mme Meyers n'a pas obtenu abusivement la signature de sa mère le 6 décembre 2010 (sur la réconciliation), alors Patrice Bonduelle non plus".
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10€ ou 10 M€ là n'est pas la question. Abuser des personnes en fin de vie c'est cela qui est condamnable. Mais est-ce le cas ? La justice se prononcera. Dans ce type d'affaire, et il y en a énormément en France, on s'aperçoit que la frontière entre la générosité et l'avidité peut être très fine. C'est en effet très louable d'aider quelqu'un en fin de vie à la condition de n'avoir aucune arrière pensée. Là où cela commence à être très tendancieux, c'est dès lors que des "petits services" d'invitent dans la partie. Et cela arrive quasiment systématiquement. Vous ne voudriez pas vous récompenser quelqu'un qui vous aide alors que vous êtes dépendant ?