Après quatre semaines de débats intenses dans un procès hors normes, c'est la dernière ligne droite qui commence lundi à Bordeaux avec, jusqu'à mercredi, les plaidoiries de la défense des dix prévenus, soupçonnés d'avoir profité à divers degrés de la vulnérabilité de Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France.
La ribambelle d'avocats de la défense devrait plaider jusqu'à mercredi, avant la mise en délibéré de la décision par le Tribunal correctionnel de Bordeaux, alors que Liliane Bettencourt, âgée de 92 ans, souffrant de la maladie d'Alzheimer et placée sous tutelle, est la grande absente du procès ouvert le 26 janvier.
L'avocat de l'ex-ministre UMP, Eric Woerth, pour lequel le Procureur adjoint Gérard Aldigé a requis vendredi la relaxe, devrait ouvrir le bal de ces plaidoiries. Le député de l'Oise est poursuivi pour "recel" d'une somme que lui aurait remise en 2007 l'ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, alors qu'il était trésorier de la campagne du futur président Nicolas Sarkozy, initialement mis en examen dans cette affaire puis finalement mis hors de cause.
Les conseils de l'avocat Pascal Wilhelm et de l'entrepreneur audiovisuel Stéphane Courbit, tous deux poursuivis pour "abus de faiblesse" aux dépens de Liliane Bettencourt, pour l'avoir notamment incité à réaliser un investissement de 143 millions d'euros dans la société de M. Courbit, devraient également plaider lundi. Le Parquet a requis la relaxe en faveur des deux hommes.
Se succèderont ensuite jusqu'à mardi les avocats de Carlos Vejarano, gestionnaire de l'île seychelloise d'Arros (deux ans de prison et 375.000 euros d'amende requis), du compagnon du photographe François-Marie Banier, Martin d'Orgeval (trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et 375.000 euros d'amende), ainsi que des notaires Jean-Michel Normand (un an avec sursis et 50.000 euros d'amende) et Patrice Bonduelle (relaxe).
Mercredi, la parole sera à la défense des deux principaux prévenus. D'abord l'homme de confiance de la milliardaire, Patrice de Maistre, poursuivi pour des "abus de faiblesse" portant sur 12 millions d'euros et "blanchiment". Le Procureur adjoint a réclamé à son encontre trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et 375.000 euros d'amende. Et, enfin, le photographe François-Marie Banier, principale cible du Parquet, contre lequel la peine maximale de trois ans de prison et 375.000 euros d'amende a été requise. L'ex-confident de Liliane Bettencourt est poursuivi pour "abus de faiblesse", soupçonné d'avoir obtenu de la vieille dame plus de 400 millions d'euros (assurances-vie, donations, oeuvres d'art, etc..), et "blanchiment".
Concernant l'ex-infirmier de la milliardaire, Alain Thurin, entre la vie et la mort depuis une tentative de suicide le 25 janvier à la veille de l'ouverture du procès, le Parquet a demandé qu'il soit jugé ultérieurement, même s'il a rappelé avoir requis un non-lieu à son égard à l'issue de l'instruction.
Outre "l'abus de faiblesse", trois autres volets de l'"affaire Bettencourt" seront jugés ultérieurement à Bordeaux: du 23 au 25 mars, le volet "trafic d'influence", dans lequel sont renvoyés Patrice de Maistre et Eric Woerth, et, les 8 et 9 juin, le volet "violation du secret professionnel", qui verra comparaître la juge d'instruction Isabelle Prévost-Desprez. Pour "atteinte à la vie privée", l'ancien majordome Pascal Bonnefoy et cinq journalistes doivent comparaître à une date encore indéterminée.
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