Les Occidentaux ont multiplié dimanche leurs mises en garde contre la Russie sur fond de combats entre l'armée ukrainienne et les rebelles prorusses à proximité du port de Marioupol, dernière grande ville de l'Est de l'Ukraine sous contrôle de Kiev.
Signe d'une situation tendue, au moins deux personnes ont été tuées et une dizaine d'autres, blessées, par l'explosion d'un engin artisanal qui s'est produite pendant une marche patriotique à Kharkiv, dans l'Est.
L'armée ukrainienne a fait état dimanche de "deux attaques de chars près de Marioupol", ville stratégique dans le sud de la ligne du front dont la prise permettrait aux séparatistes de créer un pont terrestre avec la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en mars dernier par la Russie.
Selon un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, un convoi militaire de l'armée russe -- 50 camions chargés notamment de munitions -- a pénétré en Ukraine et se dirigeait vers Novoazovsk, base rebelle à une trentaine de kilomètres de Marioupol.
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les séparatistes en leur fournissant armes et troupes, ce que Moscou nie farouchement.
Les tensions autour de Marioupol interviennent quelque jours après la prise par les rebelles de la ville stratégique de Debaltseve, dénoncée par Kiev et les Occidentaux comme une violation brutale du cessez-le-feu instauré conformément aux accords de paix Minsk 2.
Ceux-ci ont été conclus le 12 février à l'issue de négociations marathon avec la médiation de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français François Hollande.
Dans ce contexte, les Occidentaux ont haussé leur ton contre Moscou.
Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a mis en garde contre une avancée des séparatistes sur Marioupol, qui constituerait une "violation claire des accords" de Minsk, dans un entretien au journal allemand Bild.
Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, qui a participé dimanche à Kiev à une marche avec plusieurs autres responsables européens en mémoire de la centaine de victimes de Maïdan il y a un an, a annoncé le début dès lundi de consultations en vue de nouvelles sanctions européennes contre Moscou.
"Avant tout, nous devons élargir les sanctions économiques", a-t-il estimé, selon les propos traduits en russe et cités par l'agence Interfax-Ukraine. M. Tusk a également jugé possible le déploiement d'une mission policière de l'UE pour maintenir la paix dans l'Est de l'Ukraine, comme le demande Kiev.
Un haut responsable français n'a pas non plus exclu l'introduction de nouvelles sanctions contre Moscou. "Si les accords de Minsk n?étaient pas respectés () les sanctions seraient maintenues par l?UE et pourraient même être renforcées", a déclaré à Kiev le secrétaire d'Etat français chargé des Affaires européennes Harlem Désir.
Furieux après la prise de Debaltseve, Washington a déclaré déjà samedi réfléchir à des sanctions "graves" contre la Russie pour son comportement "extrêmement lâche" en Ukraine.
- Armes lourdes? -
Dimanche plus tôt dans la journée, Kiev et les rebelles prorusses semblaient toutefois avancer légèrement dans l'application des accords de Minsk.
Après avoir procédé à l'échange de prisonniers le plus massif depuis le début de l'année - 139 soldats ukrainiens et 52 combattants rebelles - les Ukrainiens et les rebelles ont annoncé pour dimanche le début du retrait des armes lourdes de la ligne du front, sans préciser ni l'heure ni le lieu de ce retrait.
Vers 20H00 GMT dimanche, aucune confirmation de ce processus n'a pu être obtenue.
Selon les accords Minsk 2, censés apaiser le conflit qui a fait plus de 5.700 morts depuis avril 2014, les deux parties doivent retirer "toutes les armes lourdes" afin d'établir une zone tampon d'une profondeur de 50 à 140 km en fonction du type d'armes.
Kharkiv, grande ville industrielle et universitaire avec presque 1,5 million d'habitants, était en état de choc après l'explosion qui a tué un policier et un militant pro-européen.
Beaucoup ont vu dans la tragédie de Kharkiv une tentative d'intimider les forces pro-Kiev dans cette ville russophone située à quelque 200 kilomètres de la zone des combats et à une trentaine de kilomètres de la frontière russe.
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