Le gouvernement grec se livre à un numéro d'équilibriste pour présenter d'ici lundi, sans trop trahir ses promesses électorales, un catalogue de réformes qui doit lui permettre de décrocher le feu vert de la zone euro à l'extension de quatre mois du financement de son économie.
L'exécutif de gauche radicale, qui s'est finalement résigné à collaborer avec les créanciers UE, BCE, FMI dans le cadre des plans de sauvetage imposés depuis 2010 aux gouvernements précédents, est décidé à exploiter les quelques latitudes consenties par ses partenaires.
"Les textes européens ont toujours un flou créatif", a glissé Giorgos Katrougalos, ministre de la Réforme administrative, sur une radio grecque.
Le gouvernement d'Alexis Tsipras a obtenu de pouvoir présenter à la zone euro d'ici lundi soir sa propre liste de réformes pour autant que l'équilibre des finances publiques soit sauvegardé.
"Il y a des sujets de souveraineté qui relèvent de la politique intérieure et ne sont pas négociables", a averti dimanche le ministre d'Etat Nikos Pappas, bras droit de M. Tsipras.
Depuis la conclusion, vendredi soir à Bruxelles, de la première phase des négociations entre la Grèce et la zone euro, Athènes se démène pour donner une interprétation positive du laborieux compromis trouvé sur la prolongation jusque fin juin du financement de l'économie grecque.
- Divergences -
Alexis Tsipras avait estimé samedi avoir "gagné une bataille" sur la "route longue et difficile" qui attend le pays.
"Nous sommes au début d'une nouvelle phase", a fait valoir M. Pappas qui voit ces quatre mois comme l'occasion de crédibiliser les réformes du nouveau gouvernement.
Mais une première voix dissonante s'est fait entendre au sein de Syriza, et non des moindres: le député européen et doyen de la gauche grecque Manolis Glezos, 92 ans, s'est fendu d'une critique virulente des concessions faites à la zone euro et s'est "excusé auprès du peuple grec d'avoir participé à cette illusion".
"Nous ne sommes plus prêts à être écrasés comme des mouches", confiait dimanche dans la grande parade du carnaval de Patras (ouest) Giorgos Vourdoulas, dont la troupe a mis en scène "un char en bambou qui prend l'apparence d'un insecte dérangeant", la Grèce.
Athènes va devoir lutter pied à pied pour ne pas céder davantage.
Les questions relatives aux droits et conditions de travail sont des sujets de "politique intérieure", a affirmé M. Pappas.
Dans ce domaine, le gouvernement de gauche Syriza s'est engagé à rétablir le principe des conventions collectives, qui ont été battues en brèche durant la crise.
Or, selon les termes du plan de sauvetage en cours, la Grèce est censée accélérer la dérégulation du marché du travail et réformer son droit syndical.
La hausse du salaire minimum, de 580 à 751 euros, sera mise en oeuvre "progressivement", a réaffirmé le ministre Pappas.
Il a exclu de nouvelles baisses de salaires des fonctionnaires et des retraites. Or le dernier paquet de mesures qu'Athènes devait mener comprenait la suppression des retraites anticipées avant 62 ans et une baisse des retraites. Syriza s'est engagé durant la campagne à augmenter les pensions les plus faibles.
- Et après le plan d'aide ?-
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