L'Ukraine et les séparatistes prorusses semblaient avancer légèrement dans l'application du plan de paix pour le conflit armé dans l'Est en annonçant dimanche un accord sur le retrait d'armes lourdes précédé la veille d'un échange massif de prisonniers.
Mais des violations du cessez-le-feu par des rebelles qui ont pris cette semaine la ville stratégique de Debaltseve ont provoqué les foudres de Washington qui réfléchit à des sanctions "graves" contre la Russie, accusée de soutenir les séparatistes.
Et beaucoup en Ukraine craignaient une nouvelle offensive séparatiste, cette fois sur le port de Marioupol, derrière grande ville de l'Est située dans le sud de la ligne du front, que les rebelles avaient déjà dans le passé désigné comme leur prochain objectif.
Un haut responsable ukrainien a annoncé dimanche à l'AFP la signature d'un accord pour commencer le retrait d'armes lourdes, conformément au plan de paix Minsk 2 signé le 12 février dans la capitale bélarusse. "Les documents ont été signés pour commencer le retrait d'armes lourdes sur toute la ligne de front", a déclaré le général Olexandre Rozmaznine.
Un porte-parole militaire des séparatistes Edouard Bassourine a de son côté indiqué à l'agence russe Tass que les "préparatifs" allaient commencer dès dimanche avec pour objectif de lancer réellement ce processus sur le terrain mardi.
Les "présidents" de la République autoproclamée de Donetsk Aleksandre Zakhartchenko et celle de Lougansk Igor Plotnitski ont signé la veille un programme du retrait d'armes, a rapporté l'agence de presse officielle des rebelles DAN.
Selon les accords Minsk 2, les deux parties doivent retirer "toutes les armes lourdes" afin d'établir une zone tampon d'une profondeur de 50 à 140 km en fonction du type d'armes. Ce retrait, qui durera 14 jours, était conditionné à l'arrêt total des tirs sur le terrain, et devait initialement démarrer le 17 février, mais il n'a toujours pas commencé en raison de l'offensive rebelle sur Debaltseve.
- 12 attaques rebelles et craintes pour Marioupol -
Ces deux derniers jours, les combats se sont plus ou moins calmés sur une bonne partie de la ligne de front, sans cependant s'arrêter complètement.
Les Ukrainiens ont déclaré avoir essuyé 12 attaques rebelles sur leurs positions pendant la nuit de samedi à dimanche. Les séparatistes ont notamment tiré avec des lance-roquettes multiples, des systèmes d'artillerie et des mortiers sur plusieurs villages situés à proximité de l'aéroport de Donetsk, fief rebelle, selon l'armée ukrainienne.
Des journalistes de l'AFP basés dans le centre de Donetsk ont entendu dans la matinée des tirs d'artillerie intenses au nord de cette ville, pendant une heure, suivis de tirs sporadiques depuis.
Kiev a par ailleurs annoncé samedi le renforcement de la présence militaire rebelle, en armement et force humaine, près de Marioupol "pour une éventuelle offensive" sur cette ville portuaire.
L'annonce de l'accord sur le retrait d'armes lourdes a été précédé du plus important échange de prisonniers de guerre depuis le début de l'année. Au total, 139 soldats ukrainiens et 52 combattants rebelles ont été échangés samedi soir dans un village situé sur la ligne de front dans la région de Lougansk, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Cet échange s'inscrit également dans les dispositions des accords de Minsk 2.
Peu avant le début de l'échange, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré depuis Londres que Washington envisageaient "des sanctions graves, qui auraient un impact très négatif sur l'économie russe" à l'encontre de Moscou, jugée responsable de la rupture du cessez-le-feu en Ukraine.
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les séparatistes en leur fournissant armes et troupes, ce que Moscou nie farouchement.
Sur le plan politique, plusieurs dirigeants européens dont le président du Conseil européen Donald Tusk et les présidents allemand, polonais, lituanien et slovaque vont participer à partir de 11H30 à Kiev à une "marche de dignité" pour exprimer leur solidarité avec ce pays et marquer le premier anniversaire de Maïdan, un soulèvement pro-européenne ayant mené au départ d'un président prorusse.
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