Le Nigeria a annoncé samedi avoir repris Baga, ville stratégique sur les rives du lac Tchad, victime en janvier d'un massacre sanglant de Boko Haram, tandis que le groupe islamiste poursuivait ses attaques, avec sept soldats tués vendredi au Niger voisin.
Dans le même temps, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius effectuait une tournée de deux jours au Tchad, au Cameroun et au Niger - voisins francophones du Nigeria qui interviennent désormais militairement contre Boko Haram - pour leur affirmer "la solidarité" de Paris dans cette guerre.
"Les troupes ont récupéré Baga cet après-midi après une bataille féroce avec les terroristes. Lourdes pertes. Ratissage en cours. Détails ultérieurement", a écrit l'armée samedi sur son compte Twitter, @defenceinfoNG.
Le porte-parole du ministère nigérian de la Défense, Chris Olukolade a ensuite précisé dans un communiqué qu'"un grand nombre de terroristes se sont noyés dans le lac Tchad" en tentant de fuir les bombardements aériens. L'assaut aurait débuté dès vendredi.
"Beaucoup de terroristes sont morts et un nombre inconnu mais conséquent se sont enfuis, blessés à des degrés divers", a ajouté M. Olukolade, selon lequel les militaires ont dû neutraliser quelque 1.500 mines lors de leur progression vers Baga, carrefour commercial important dans l'Etat de Borno (nord-est).
Cette déclaration, qui n'avait pu être immédiatement confirmée de source indépendante, intervient moins d'une semaine après l'annonce par le Nigeria de la reprise de Monguno (60 km de Baga), ville-garnison qui était contrôlée depuis le 25 janvier par Boko Haram.
Elle a affirmé y avoir tué "plus de 300 terroristes". Des habitants ont quant à eux confirmé à l'AFP que Monguno était désormais sous contrôle de l'armée.
Comme à Monguno, l'armée dit avoir saisi et détruit l'arsenal des rebelles, dont 5 batteries anti-aériennes, 34 motos et 5 véhicules.
Les islamistes s'étaient emparés le 3 janvier de Baga et d'une douzaine de villages alentour. Dans les jours qui avaient suivi, des centaines de civils, voire plus, avaient été massacrés, des maisons incendiées et plusieurs centaines de femmes et d'enfants enlevés.
Selon Amnesty International, l'attaque de Baga est "la plus grande et la plus destructrice" jamais perpétrée par Boko Haram, qui multiplie depuis six ans violences et exactions dans le nord-est du Nigeria et a étendu ses opérations au Cameroun, au Tchad et au Niger.
- Gamboru, ville reprise mais "ville fantôme" -
Le Sud-Est nigérien enregistre depuis deux semaines des assauts du groupe, qui s'en est pris vendredi à Karouga, un village proche du lac Tchad, affrontant des militaires nigériens. Sept soldats et 14 assaillants ont alors été tués, a annoncé samedi l'armée nigérienne.
De même source, les hommes de Boko Haram ont ensuite voulu entrer en territoire tchadien par le lac Tchad, mais l'aviation tchadienne est intervenue, détruisant leurs cinq pirogues.
"Le Tchad fait le maximum pour assurer la stabilité dans une région qui malheureusement est instable", a reconnu à N'Djamena le ministre français Laurent Fabius.
Le Nigeria, le Tchad, le Niger, le Cameroun et le Bénin ont annoncé le 7 février qu'ils allaient mobiliser 8.700 hommes dans une force multinationale de lutte contre Boko Haram. Plusieurs milliers de leurs soldats, à l'exception du Bénin, sont déjà déployés sur le terrain, de part et d'autre du lac Tchad.
Les pays du bassin du lac Tchad sont "sur le point de déposer un projet de résolution" devant le Conseil de sécurité pour rendre leur force opérationnelle, "c'est prévu fin février", a affirmé à Yaoundé le ministre camerounais des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo.
La visite de Laurent Fabius est l'occasion d'appeler à un soutien international plus large. Selon lui, il n'est toutefois pas question de s'investir directement dans le conflit: "la France a une amitié traditionnelle avec l'Afrique, nous pouvons aider mais pas faire tout, tout seuls", a-t-il précisé samedi.
Depuis 2009, l'insurrection de Boko Haram et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés.
Son chef, Abubakar Shekau, a juré cette semaine dans une nouvelle vidéo de faire échouer le processus électoral au Nigeria. Abuja a reporté de six semaines, au 28 mars, ses élections présidentielle, législatives et sénatoriales prévues initialement mi-février, pour permettre à l'armée de se concentrer sur son offensive contre le groupe.
Beaucoup de Nigérians doutent cependant des assurances officielles d'une défaite de Boko Haram en six semaines et de la possibilité de tenir des scrutins dans des zones dévastées comme Gamboru, ville reprise récemment par les Tchadiens à Boko Haram, qui la contrôlaient depuis août 2014.
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