Plusieurs dizaines de prisonniers rebelles et Ukrainiens vont être échangés samedi dans l'Est séparatiste de l'Ukraine, mesure prévue par les accords de Minsk que les Occidentaux espère toujours voir appliquer malgré les violations répétées du cessez-le-feu par les deux camps.
A Lougansk, l'une des deux "capitales" séparatistes, une quarantaine de soldats de chaque camp doivent être échangés samedi, la première opération de cette ampleur depuis plusieurs semaines. Alors qu'un cessez-le-feu très peu respecté est censé être en vigueur depuis une semaine, il s'agit d'un nouvelle étape timide dans l'application des accords de Minsk 2 signés le 12 février.
Ceux-ci prévoient qu'après la mise en oeuvre du cessez-le-feu et le retrait des armes lourdes du front, autre mesure toujours pas appliquée, Ukrainiens et rebelles échangent l'intégralité de leurs prisonniers.
"Cet échange a été très difficile à organiser. Cela fait un mois et demi qu'on travaille dessus", a déclaré à l'AFP la représentante rebelle pour les Droits de l'homme, Daria Morozova. Certains des prisonniers ukrainiens ont été blessés à Debaltseve, a constaté un journaliste de l'AFP, alors que les prisonniers étaient transportés par autobus du fief rebelle de Donetsk vers Lougansk.
Vendredi, l'armée ukrainienne a reconnu que 110 de ces soldats avaient été faits prisonniers pendant la débâcle de Debaltseve. Environ 2.500 soldats ont réussi dans la nuit de mardi à mercredi à s'extirper de ce noeud ferroviaire stratégique de l'Est de l'Ukraine, quasiment encerclé depuis des semaines et soumis à des bombardements intenses des combattants prorusses.
Treize soldats ont été tués au cours de cette retraite, a précisé l'état-major ukrainien, mais les pertes pourraient être bien plus importantes alors que les rebelles ont annoncé avoir retrouvé les corps de 57 soldats ukrainiens dans les décombres de Debaltseve.
Vendredi, François Hollande et Angela Merkel ont réaffirmé leur volonté de voir les accords de Minsk appliqués intégralement, le président français se disant convaincu que le cessez-le-feu devait être "intégralement respectés sur l'ensemble de la ligne de front".
L'objectif est maintenant que les engagements de Minsk soient "mis en ?uvre et traduits dans la pratique", a renchéri Mme Merkel, les chefs de la diplomatie français, allemand, russe et ukrainien devant se rencontrer mardi à Paris pour discuter du conflit.
Le conflit dans l'est de l'Ukraine a tué presque 5.700 personnes en dix mois, selon un récent bilan établi par l'ONU.
- Pas de trêve -
Kiev et les rebelles s'accusent mutuellement de poursuivre les combats, alors que des tirs d'artillerie résonnaient encore à Donetsk samedi matin, selon un journaliste de l'AFP.
Trois civils ont été tués par des bombardements à Avdiïvka, une ville contrôlée par Kiev située cinq kilomètres au nord de Donetsk, a annoncé samedi Viatcheslav Abroskine, chef de la police régionale pro-Kiev. Un soldat ukrainien a été tué et 40 blessés, a par ailleurs déclaré un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko.
Vendredi, il avait annoncé que vingt chars russes ont franchi la frontière russo-ukrainienne à Novoazovsk, à l'extrémité sud de la ligne de front. Les Ukrainiens craignent que l'important port de Marioupol, dernière grande ville contrôlée par Kiev dans l'Est rebelle, devienne le nouveau point chaud du conflit. Plusieurs drones de reconnaissance ont été abattus au cours des dernières 24 heures, a affirmé Kiev.
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les séparatistes en leur fournissant des armes et des troupes, ce que Moscou nie farouchement.
Mais vendredi, le commandant adjoint de l'Otan, le général Adrian Bradshaw, a fait part de ses craintes d'une tentative par la Russie de conquérir des territoires appartenant à des Etats de l'Alliance atlantique.
"La Russie pourrait croire que les forces conventionnelles de grande envergure qu'elle a pu mobiliser en si peu de temps pourraient à l'avenir être utilisés non seulement pour intimider et contraindre (un Etat), mais aussi conquérir des territoires de l'Otan", a-t-il estimé.
Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a pour sa part annoncé consulter les dirigeants européens sur "les prochaines mesures" de l'UE en réaction aux violations du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.