Comme il est de tradition, François Hollande inaugure samedi le salon de l'Agriculture mais, cette année, ce sera sécurité XXL autour du président face au risque d'attentats, et sans paillettes, compte-tenu des difficultés du monde agricole.
A un mois des élections départementales, cette visite Porte de Versailles va constituer un test politique et donnera l'occasion d'un rare bain de foule présidentiel.
Les agriculteurs ne sont pas connus pour être des électeurs de gauche, beaucoup étant sensibles aux idées anti-Bruxelles du Front national alors même que l'agriculture reste le premier poste de dépenses de l'Union européenne.
"Ce n'est pas une ambiance festive cette année" avec des "marchés mondiaux très dégradés", l'"embargo russe" sur les produits alimentaires, les "charges" jugées toujours très lourdes et "un niveau de réglementations et normes qui n'a jamais été aussi excessif", explique Xavier Beulin, président du puissant syndicat agricole FNSEA.
"Je ne peux pas dire que ce salon soit un soleil très brillant", confirme le ministre de l'Agriculture --et proche du président-- Stéphane Le Foll.
La visite débutera avant 7H00 par la traditionnelle traite. Suivra une déambulation à la rencontre des éleveurs, avant un petit-déjeuner de travail avec des représentants professionnels.
Mais ce salon, l'un des plus populaires en France --l'an dernier il avait accueilli plus de 703.000 visiteurs -- se tient alors que le plan Vigipirate est à son niveau le plus élevé en région parisienne.
La plus grande ferme de France, avec ses 39.000 mètres carrés, sera fortement gardée, avec des effectifs de sécurité en hausse de 20% par rapport à 2014, soit quelque 300 vigiles en tenue et en civil dans les allées.
Dans ces conditions, le président sera probablement difficilement accessible pour les badauds, alors qu'il avait les précédentes éditions longuement arpenté le salon: sept heures l'an dernier, dix heures en 2013 et une douzaine lors de la campagne en 2012 !
Les visiteurs également pourraient être moins nombreux, un certain nombre de sorties scolaires ou de centres de loisir ayant été annulées pour raison de sécurité.
- Bichonnés -
Sur le fond, le gouvernement a pris le soin de bichonner les agriculteurs juste avant ce grand rendez-vous. Car, comme le rappelle le sociologue François Purseigle, les agriculteurs ne représentent que 3% de la population mais ils influencent 10% des électeurs sur leurs territoires.
Pendant la folle journée de mardi, où les parlementaires s'écharpaient sur la loi Macron, Manuel Valls a pris le temps de recevoir pendant plus d'une heure et demie le président de la FNSEA. Et mercredi, plusieurs annonces ont été faites en Conseil des ministres pour alléger les contraintes des exploitants agricoles.
Les éleveurs de volailles pourront donc par exemple plus facilement ouvrir et/ou élargir leurs élevages. Ou, sur le front social, les agriculteurs n'auront plus à solliciter une autorisation préalable pour faire monter leur apprenti sur un escabeau.
Le président a aussi accordé cette semaine deux interviews à la presse spécialisée, dont une, inhabituelle, à l'agence de presse affiliée à la FNSEA.
Et comme à son habitude, François Hollande a tenté de ménager la chèvre et le chou. A Actuagri, l'agence de la FNSEA, il a appelé les agriculteurs à s'engager dans l'agroécologie, chère à Stéphane Le Foll.
Un signal fort et une nouvelle preuve de sa conversion verte alors que Paris accueillera à la fin de l'année la conférence onusienne sur le climat. Un sujet qui sera aussi le fil rouge de ce 52e salon.
Vendredi, dans un entretien à Agra presse, il a assuré que la France devait poursuivre son effort de recherche sur les OGM. Un discours qui devrait séduire les tenants d'une agriculture ultra-productiviste et compétitive.
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