La zone euro a accordé vendredi à la Grèce une extension de son aide financière pour quatre mois, mettant fin à des semaines de tension, mais assortie de strictes conditions, notamment la présentation d'une liste de réformes dès lundi.
"Quatre mois, c'est le délai approprié en terme de financement et compte tenu des défis à relever", a estimé Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe, lors d'une conférence de presse.
Au terme d'une réunion qualifiée de "laborieuse", la troisième en moins de dix jours, les 19 Etats de la zone euro ont trouvé un compromis pour prolonger le plan d'aide financière de la Grèce, qui en contrepartie a dû prendre toute une série d'engagements.
Athènes doit présenter d'ici lundi soir une liste de réformes qui doit être approuvée par ses créanciers, désormais désignés sous le terme d'"institutions" (UE, BCE et FMI), les mêmes que la "troïka" dont les Grecs ne voulaient plus entendre le nom.
Ils diront alors si cela est "suffisant" pour débloquer la dernière tranche du plan en suspens depuis des mois. La liste doit ensuite être précisée avant d'être approuvée d'ici fin avril.
"C'est le début d'une nouvelle phase sans mémorandum", qui imposait l'austérité depuis 2010, "nous nous sommes engagés à écrire notre propre script", a affirmé le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. "La Grèce laisse le mémorandum derrière elle et devient coauteur des réformes et de sa destinée", a-t-il insisté.
Athènes s'est également engagé à ne pas annoncer de nouvelles mesures de manière unilatérale et à respecter ses promesses de rembourser ses créanciers.
C'est une "solution qui est faite pour donner de la sécurité. Première étape lundi, deuxième étape fin avril, troisième étape fin juin", a résumé le ministre français, Michel Sapin.
- 'Bâtir la confiance -
Le plan de financement comprend une dose de "flexibilité", dont la zone euro a promis de faire "le meilleur usage", sans plus de détails. Il s'agissait avant tout de "bâtir la confiance", a estimé M. Dijsselbloem, reconnaissant qu'il avait fallu pour cela "d'intenses négociations".
Ce processus doit permettre le déblocage de l'argent restant dans le programme, à savoir 1,8 milliard d'euros du Fonds de soutien de la zone euro (FESF) et 1,8 milliard venant des profits de la BCE sur les obligations grecques.
En revanche, Athènes ne pourra pas puiser dans le fonds pour la recapitalisation des banques grecques, comme cela avait été évoqué.
D'intenses tractations ont eu lieu en amont de la réunion de l'Eurogroupe. Une médiation a été menée par la zone euro, le FMI et la Commission européenne avec les ministres allemand et grec des Finances, Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis, dont l'inimitié est palpable.
Les discussions sont "compliquées" et "c'est très difficile", avait reconnu M. Dijsselbloem. Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, avait fait monter la tension en affirmant qu'en cas d'échec, il réclamerait la tenue en urgence d'un sommet européen dimanche.
La Grèce tenait absolument à tourner la page de l'austérité. Mais l'Allemagne, plus que jamais garante de l'orthodoxie budgétaire en Europe, exigeait que le pays poursuive l'assainissement de ses finances publiques et les réformes structurelles auxquelles elle a été contrainte en échange de 240 milliards d'euros de prêts depuis 2010.
Cette ligne était partagée par d'autres pays, Finlande et pays baltes, mais aussi Espagne, Portugal ou encore Slovaquie, dont le Premier ministre, Robert Fico, a jugé "impossible d'expliquer aux gens qu'il faut donner de l'argent pour les salaires et les retraites des Grecs".
Le président français François Hollande et la chancelière allemande avaient mis leur poids dans la balance en défendant le maintien de la Grèce dans l'euro, lors d'une rencontre à Paris.
A New York , la Bourse de Wall Street a marqué l'accord avec la Grèce par une clôture de la séance à un niveau record, en hausse de 0,85%, à 18.138,32 points pour l'indice Dow Jones.
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